Investissements importants à prévoir sur la Cycloroute de Bellechasse

LOISIRS. La MRC de Bellechasse estime devoir investir plus de 600 000 $ pour différentes réparations sur la Cycloroute de Bellechasse au cours des prochains mois, notamment pour le remplacement de deux ponceaux sur une portion du parcours entre Saint-Anselme et Saint-Henri qui eux représentent un peu plus de la moitié du montant.

La MRC a ainsi choisi d’adopter un règlement d’emprunt qui vient s’ajouter aux 75 000 $ déjà prévus annuellement pour l’entretien de base, surtout le balayage, le fauchage et quelques réparations mineures.

Selon le directeur général adjoint de la MRC, Dominic Dufour, certains travaux sont prévus depuis 2018, mais avaient dû être reportés puisque la MRC avait atteint le sommet de son règlement d’emprunt du moment. Il convient que les travaux peuvent sembler onéreux, sauf que la nature de la démarche est similaire à ce qu’elle serait pour une réfection de route. «Les tuyaux ont une bonne longueur, 21 mètres dans un cas, et un bon diamètre. Les coûts montent vite. Ce sont les mêmes tuyaux que si c’était pour une route, puisque le poids du sol doit être pris en considération.»

Il ajoute que l’accès à la Cycloroute est aussi une variable à ne pas négliger. «Il faut soit circuler à même la piste cyclable, ou encore via la propriété d’un agriculteur pour accéder à ces ponceaux. On préfère y accéder à même la piste plutôt que d’avoir à aménager des chemins temporaires, donc possiblement réparer certains dommages supplémentaires après coup.»

Les voies ferrées désaffectées sont devenues de belles options pour y ériger des voies cyclables, sauf que leurs assises ont l’âge des trains.

Il précise aussi que l’endroit visé fait aussi que les travaux sont entièrement à la charge de la MRC, puisque cette portion est située entre Saint-Anselme et Saint-Henri. D’autres portions de la piste, la grande majorité, sont sous la responsabilité du ministère des Transports. «C’est un bel actif, sauf qu’il déprécie un peu comme une route. Si on veut conserver un certain niveau de confort, il faudra investir. Il est aussi normal qu’il y ait de l’usure. L’indice d’état des ponceaux indique une capacité de seulement 6 sur 100, alors il y a aussi un enjeu de sécurité.»

L’aménagement de la Cycloroute de Bellechasse remonte à 2008. Dominic Dufour rappelle que le tracé de la Cycloroute vient avec l’âge des infrastructures sur lesquelles elle est érigée. «Certains ponceaux ont l’âge des trains et ces ponceaux ont une durée de vie. Nous avons fait certains travaux d’amélioration dans le passé, mais nous sommes maintenant rendus à l’entretien.»

Le préfet de la MRC de Bellechasse, Clément Fillion, rappelle que les conversations sur le sujet ne datent pas d’hier. «La discussion n’est pas nouvelle, car nous savions que c’est une infrastructure que nous devrions entretenir. On devra choisir entre investir pour son maintien ou accepter que sa durée de vie soit limitée. Si on en vient à considérer que c’est une infrastructure régionale, est-ce que le financement pourrait venir du fonds de développement des territoires ou du fonds éolien. Ça fera partie des considérations.»

Évaluation des besoins

Le sujet a provoqué une vive discussion chez les élus de la MRC, lors de la plus récente rencontre virtuelle des maires et mairesses la semaine dernière. À l’image de la plupart de ses collègues, le maire de Saint-Vallier, Christian Lacasse, estime que la première étape doit être d’évaluer les coûts d’entretien à courte échelle. Le maire de Saint-Léon, Bernard Morin, convient qu’il y a des retombées pour certaines municipalités ou même la MRC, mais juge aussi que les coûts sont très élevés.

Germain Caron, maire de Saint-Henri, juge de son côté que sa municipalité paie déjà sa large part des coûts de la piste cyclable, puisque sa localité représente 16 % de la population de la MRC. «Il faudra éventuellement déterminer quels sont nos éléments qui sont local et ceux qui sont régional, et où se situe la Cycloroute dans ce contexte», a-t-il résumé. Quant à Pascal Fournier, maire de Saint-Nérée, il aimerait connaitre quelles sont les retombées économiques de la piste cyclable avant de prendre position.

Pour le maire de Saint-Michel, Éric Tessier, les coûts associés à une telle infrastructure ne sont pas une surprise. «Ce n’est pas un éléphant blanc, c’est un éléphant qui a faim. Il devra y avoir une réflexion sérieuse si on garde un outil comme celui-là ou non et il faudra l’évaluer économiquement, mais aussi socialement. Actuellement nous l’avons et l’emprunt proposé est un parapluie pour couvrir les réparations d’urgence.»

Mairesse de Saint-Gervais, Manon Goulet ne perçoit pas la Cycloroute comme un luxe, mais plutôt comme un actif. «C’est un bien collectif dont il faut prendre soin. C’est un bien qui vieillit et nous sommes rendus à l’étape de l’entretenir. Si on retarde, ça ne peut juste que coûter plus cher», mentionne-t-elle.

Enfin, le maire de Saint-Anselme et président du comité de la Cycloroute à la MRC, Yves Turgeon, rappelait que ces besoins avaient déjà été identifiés dans le passé. «La dépense peut faire peur, mais ce n’est plus seulement de l’entretien, c’est de la reconstruction par endroit. Est-ce que l’on est en train de se questionner sur la pertinence du tracé ? Nous avons déjà ciblé cet outil comme faisant partie du développement de la région et sachant que la Beauce veut venir nous rejoindre, on devrait avancer plutôt que reculer», a-t-il insisté.

Le préfet Clément Fillion est celui qui a le mieux résumé la pensée de ses collègues. «On le sait que c’est dispendieux d’entretenir un équipement du genre, sauf qui si nous ne l’avions pas, on aimerait l’avoir. Si on veut se démarquer, attirer des gens chez-nous, que nos citoyens bougent, alors il faut avoir. Si on ne l’entretien pas, bien dans dix ans, fermons-là et ça ne servira qu’aux motoneiges et au quad. Commençons par faire une prévision à long terme et possiblement après, ce pourrait être des sommes d’argent annuelles qui serait prévue au départ, comme sur une route municipale.»