Sainte-Claire: retour au bercail d’un moteur centenaire
PATRIMOINE. Benoit Morin de Sainte-Claire s’est récemment porté acquéreur d’un équipement vendu par son grand-père (Jos Morin) il y a plus de 100 ans (1920). Il s’agit d’un simple moteur, mais qui était une innovation technologique d’importance à l’époque.
La pièce en question est imposante et illustre de belle façon les conditions avec lesquelles devaient composer nos ancêtres. « C’est un engin stationnaire, mais qui faisait fonctionner plusieurs choses. La pompe à l’eau, le moulin à scie, le moulin à battre, et autres. Ça pouvait même servir de petit réservoir à eau chaude, à la cuisson de certains plats, comme le blé d’Inde, ou de réchaud. C’était l’engin stationnaire de l’époque. C’est un peu l’équivalent de la prise de force (PTO) d’un tracteur d’aujourd’hui », mentionne Benoit Morin.
D’une certaine façon, l’engin illustre aussi l’ingéniosité des entrepreneurs de l’époque. « C’étaient les premiers moteurs que les gens pouvaient se procurer à prix raisonnable et travailler avec, à utilités multiples. La plupart des gens à l’époque le déplaçaient d’un endroit à un autre, à l’aide de chevaux. On l’appelait l’engin du cultivateur. »
Des parties de l’équipement étaient fabriquées à Pont-Rouge et celui-ci était vendu par son grand-père à Sainte-Claire. « L’équipement avait des spécifications que mon grand-père et son mécanicien avaient trouvées pour améliorer sa performance ».
Les gens qui connaissent Benoit Morin sont aussi au fait de son intérêt pour certaines pièces de collection. « Le 200e de Sainte-Claire approche et je trouvais l’idée bonne de me réapproprier quelque chose qu’on avait vendu à l’époque. C’est un monsieur de Beaumont qui l’avait et il souhait qu’elle revienne à sa place. Je l’ai trouvé l’an dernier. Le monsieur hésitait à la vendre l’an dernier, mais il m’a relancé cette année. J’aime les antiquités, mais surtout les choses qui ont été vendues par le commerce dans le passé. L’engin, toujours fonctionnel, est d’ailleurs lettré à l’effigie du commerce Dorchester Jos Morin. »
Il raconte d’ailleurs l’une des aventures de son grand-père qui avait vendu un exemplaire dans la région de Sainte-Justine. « Les gens n’étaient pas très familiers avec ça à l’époque. Le fabricant est parti de Pont-Rouge, à la demande du client, car ils avaient le téléphone à ce moment-là. Le fabricant a couché à la maison le soir et le lendemain, ils sont partis à cheval pour Sainte-Justine. Une fois sur place, ils se sont rendus sur un boisé où se trouvait l’engin et constaté qu’il ne fonctionnait pas. Ils ont simplement ajouté un peu d’essence et ça a fonctionné. Tout ce chemin, pour un peu d’essence. À l’époque, c’était toute une épopée. »
Benoit Morin avoue que l’achat peut sembler émotif et empreint de nostalgie. Il conservera l’objet en question pendant une longue période, assure-t-il. « Mon grand-père et mon père en ont vendu un peu partout dans la région. C’était dispendieux pour l’époque, alors ce n’est pas tout le monde qui pouvait se le permettre non-plus. J’ai joué avec ça étant jeune, puisque mon père en vendait. J’en ai tellement entendu parler jeune que je me devais d’en avoir une. C’est clair qu’après le 200e, je vais la garder. Elle va mourir ici. »