Visé par une perquisition des agents de la Faune: J. A. Boutin estime avoir été bafoué
FAUNE. Propriétaire de la Ferme du chasseur de Sainte-Hénédine, visée par une perquisition d’agents de la Faune le 8 février dernier, Joseph-Alfred Boutin en a gros sur le cœur, estimant avoir été bafoué dans ses droits.
Une semaine après les événements, M. Boutin disait se sentir davantage serein, ayant eu le temps de « décanter » depuis. Rencontré quelques heures après son retour, il dit comprendre un peu mieux ce qui s’est passé et toutes les circonstances ayant mené à l’événement. Aujourd’hui âgé de 78 ans, il n’en veut pas aux agents venus sur place, mais déplore tout de même que le ministère de la -Faune ait profité de son absence pour visiter sa propriété.
« C’est presque une forme de libération. Le harcèlement psychologique est terminé. Ça fait partie de leur technique. Je n’en veux pas aux agents de la Faune. Ce sont des pions qui sont venus faire une job orchestrée dans les bureaux. C’est une question d’idéologie. On n’a jamais voulu me remettre mon permis et ils ont changé le règlement à la suite de pressions de certains lobbys avant que j’en reprenne possession. On m’a quand même volé des biens et des droits. »
Pour justifier son action, le ministère avait évoqué, outre l’absence d’un permis, que les cerfs en captivité peuvent être affectés par différentes maladies transmissibles aux cervidés qui vivent à l’état sauvage.
Pour M. Boutin, il est clair que le ministère veut mettre un terme à l’élevage de chevreuil en captivité depuis quelques années. L’argument du danger pour la faune évoquée par le ministère pour justifier la perquisition chez lui est un « faux prétexte », à son avis.
« Il y a eu un événement dans la région de Mirabel dans le passé. Il y avait eu 11 cas. Ils étaient contents, car ça faisait longtemps qu’ils cherchaient un cas. Ils ont abattu le troupeau au complet, fermé toute la région pour la chasse et initié une démarche qui avait coûté très cher pour abattre tous les chevreuils dans cette région. Après les analyses qu’ils ont faites, ils n’ont rien trouvé et ça n’arrête pas depuis, malgré tout. »
Une stratégie évidente
À l’extérieur du pays pour quelque temps, M. Boutin dénonce notamment le fait que le ministère ait profité de son absence pour agir. « C’est sûr qu’ils ont profité de cela. Je m’y attendais depuis trois ans de toute façon. Quand j’ai repris ça, je suis allé à Charny rencontrer le ministère pour ravoir le permis. J’ai reçu mon permis, sauf pour le cerf de Virginie. Un an plus tard, en 2020, j’ai reçu la visite de deux gardes-chasse qui voulaient que j’abatte mon troupeau. La semaine avant que je parte, une vétérinaire du fédéral m’a appelé et son attitude m’a mis la puce à l’oreille que quelque chose se préparait. »
M. Boutin était détenteur des permis requis avant de céder son entreprise à une relève en 2016, puisqu’il était alors âgé de 72 ans. La stratégie du ministère était toutefois claire à ses yeux.
« L’acquéreur avait obtenu le changement de permis, mais les choses n’ont pas fonctionné puisqu’il ne s’en occupait pas, alors pour sauver les meubles, j’en ai repris possession. Le règlement est entré en vigueur un 8 septembre et j’envoyais l’avis que je reprenais ma business le lendemain. Je n’étais pas au courant du changement de la loi. »
Malgré les événements, M. Boutin se réjouit d’une chose, soit d’avoir sauvé la vie de la plupart de ses chevreuils. « Je sais où ils sont. C’est une bonne place, sauf que s’ils représentaient un danger ici, c’est la même chose ailleurs. C’est un peu ridicule, mais la décision s’est prise dans un bureau occupé par des gens dont les intentions, depuis des années, sont de mettre un terme à l’élevage de cerfs de Virginie par des particuliers. »
La suite
M. Boutin espère maintenant avoir gain de cause en bout de ligne et ravoir son entreprise comme elle l’était, avant la perquisition. Il estime toujours que la politique pro-entreprise du gouvernement en place aurait dû lui permettre d’assurer la pérennité du troupeau de cerfs de Virginie et du même coup, de son entreprise en entier. « Le programme politique de la Coalition Avenir Québec dit vouloir encourager les entreprises. Dans mon cas, ce n’est pas ce qui se passe. J’ai cherché à obtenir mon permis continuellement et essayé de me mettre aux normes, mais je n’ai jamais réussi à le ravoir. J’ai même demandé un permis de zoo qui m’a été refusé. Mon entreprise, c’est le travail d’une vie », insiste-t-il.
Il assure tout de même que la -Ferme du chasseur demeurera en opération. Son identité ne sera toutefois plus la même, entretemps. « J’ai les permis pour toutes les autres espèces que j’ai, alors la Ferme continuera d’opérer, mais sans cerfs de Virginie. J’ai des clients qui voudront sûrement en avoir, alors je les réfèrerai ailleurs tout simplement. Je suis encore à vendre, mais je perdrai pas mal au bout du compte, c’est certain, si je ne récupère pas le droit d’élever du cerf de Virginie », résume-t-il, en terminant.