Trois Canadiens sur cinq s’opposent à l’interdiction des ventes de modèles essence
Un sondage réalisé par la firme Léger, commandée par la Fédération canadienne des contribuables (FCC), démontre que 59 % des Canadiens ne sont pas en faveur de la législation fédérale qui va exiger que les ventes de véhicules « zéro émission » représentent 100 % de toutes les transactions impliquant des véhicules neufs au pays à partir de 2035.
Comme le rapporte Automotive News, en vertu de la norme de disponibilité des véhicules électriques, les modèles « zéro émission » doivent représenter un pourcentage croissant des ventes chaque année. L’objectif est de 20 % en 2026 pour finalement atteindre 100 % en 2035. À partir de ce moment, la loi interdit la vente de véhicules neufs à essence.
« Les résultats du sondage sont clairs : les Canadiens ne veulent pas que le gouvernement interdise les nouveaux véhicules à essence et diesel. Les Canadiens veulent avoir la possibilité d’acheter des fourgonnettes à essence et des camionnettes de travail à moteur diesel, et les contribuables savent que cette interdiction nous coûtera une fortune. »
Franco Terrazzano, directeur fédéral de la FCC.
Selon le sondage Léger, qui demandait aux Canadiens s’ils étaient favorables ou opposés à l’interdiction fédérale de vendre de nouveaux véhicules à essence et diesel, 59 % s’opposent à l’interdiction, 29 % sont pour, et 12 % demeurent indécis.
Les résultats montrent également un clivage entre différences catégories de Canadiens.
Le désaccord avec la législation est le plus élevé chez les Canadiens âgés de 35 ans et plus (63 %), les Canadiens de l’ouest (66 %), où les ventes de camionnettes dominent, et les résidents ruraux (72 %), où l’infrastructure de recharge et l’inquiétude quant à l’autonomie demeurent des préoccupations.
En revanche, le soutien le plus important vient des 18-34 ans et des citadins, qui sont 37 % à approuver l’idée.
Le sondage Léger survient trois mois après que J.D. Power Canada a publié sa propre étude, qui montre que les Canadiens sont moins enthousiastes à l’idée de posséder un véhicule électrique.
Concrètement, un peu plus d’un quart des acheteurs de véhicules neufs au Canada ont déclaré qu’ils envisageraient d’acheter un modèle tout électrique lors de leur prochain achat. Selon l’étude publiée le 30 mai, 10,9 % des personnes interrogées se disaient « très susceptibles » d’envisager un véhicule électrique et 17,6 % « assez susceptibles » d’en envisager un.
En revanche, 52 % des acheteurs potentiels déclaraient qu’il était « très peu probable » qu’ils fassent le saut et 19,6 % déclaraient qu’il était « assez peu probable » que cela se produise.
Pour le moment, il est important de le rappeler, les ventes de modèles électriques sont toujours en croissance, même si la courbe anticipée concernant leur augmentation n’est pas aussi prononcée que prévu. Verra-t-on le tout plafonner ?
L’inquiétude quant à l’autonomie, l’infrastructure de recharge limitée, ainsi que le coût des modèles, était les principaux points d’achoppement cités par les sceptiques dans l’enquête de J.D. Power.
Et encore là, cette réalité varie selon l’endroit où l’on se trouve au pays, notamment pour ce qui est de l’autonomie et de l’infrastructure de recharge.
La question des crédits
Dans le cadre de la nouvelle législation, les constructeurs se verront attribuer des crédits pour leurs ventes de véhicules « zéro émission ».
Ceux qui dépassent leurs objectifs pourront échanger leurs crédits ou les mettre en réserve pendant cinq années modèles au maximum. Les entreprises qui n’atteignent pas leurs objectifs génèrent un déficit, qui doit être résorbé dans les trois années modèles suivantes.
Aucun crédit accumulé ou mis en réserve ne pourra être utilisé pour compenser un déficit à partir de l’année modèle 2035.
Les constructeurs automobiles qui ne vendent pas suffisamment de véhicules « zéro émission » seront sanctionnés financièrement, mais le coût réel n’est pas encore connu.
Les constructeurs qui vont se trouver en situation de déficit de crédits pourront auprès d’autres constructeurs. Le prix sera déterminé par le marché à ce moment-là.
Une autre voie de conformité va consister à investir dans les infrastructures de recharge. Les constructeurs recevront un crédit pour chaque tranche de 20 000 $ investis. L’objectif est d’encourager la construction d’une infrastructure de recharge rapide pour véhicules électriques, ce qui va favoriser leur adoption par la population.
Franco Terrazzano s’inquiète que toute cette façon de faire ait une répercussion sur les consommateurs.
« Le premier ministre Justin Trudeau avance à toute vitesse avec sa nouvelle interdiction des véhicules à essence et diesel sans évoquer les coûts énormes que cette interdiction va imposer aux contribuables. Les Canadiens ont toutes les raisons de s’inquiéter que leurs factures d’impôts et d’électricité augmentent pour financer toutes les subventions, les stations de recharge, les centrales électriques et les lignes de transmission nécessaires pour soutenir l’interdiction de Trudeau. Il devrait écouter les Canadiens, prendre ce sondage comme un signal d’alarme et abandonner son interdiction des nouveaux véhicules à essence et diesel. »
Le sondage en ligne de Léger a été mené auprès de 1612 Canadiens âgés de 18 ans et plus entre le 20 et le 22 septembre dernier, inclusivement. La marge d’erreur de ce sondage est de plus ou moins 2,4 %, 19 fois sur 20.
Chose certaine, le débat est loin d’être terminé.
Contenu original de auto123.