Ruisseau Mailhot à Lac-Etchemin: contrer l’accumulation de sédiments
ENVIRONNEMENT. Le Conseil de bassin de l’Etchemin (CBE), de concert avec la municipalité de Lac-Etchemin, a procédé récemment à diverses interventions visant à prévenir l’accumulation de sédiments à l’embouchure du ruisseau Mailhot.
Lors de crues ou de forts coups d’eau, d’importants débordements et inondations sont notés à cet endroit. Des situations particulières étaient survenues entre 2005 et 2007, mais aussi en 2019, 2022 et 2023 alors que l’eau passait par-dessus la route 277 pour ensuite s’écouler vers le village, causant des bris et inondant plusieurs sous-sols de résidences sur son passage.
Le CBE, maître des travaux qui ont été réalisés en deux jours, les 21 et 22 octobre, a fait appel à la firme Rivières pour qu’elle trouve des correctifs à celui-ci.
« Le ruisseau Mailhot est un cours d’eau névralgique pour la municipalité. On avait refait celui-ci, mais l’embouchure demeurait problématique, car les sédiments s’accumulent rapidement le long de la grille s’y trouvant. En quelques minutes, un couvercle opaque peut se créer, amenant l’eau à passe par-dessus de la route 277 », indique Éric Guénette, directeur Services publics, Urbanisme et Environnement à la Municipalité de Lac-Etchemin.
Membre de la firme Rivières, Sylvio Demers souligne qu’un diagnostic a été posé et qu’une intervention dite « low-tech » a été implantée non pas sur le ruisseau Mailhot lui-même, mais sur un fossé de ligne passant le long de terres privées et de l’aérodrome de Lac-Etchemin qui, lui, débouche vers le cours d’eau.
« Nous avons constaté que le drainage entourant l’aérodrome est canalisé jusqu’au grillage se trouvant à l’intersection avec le ruisseau Mailhot, ce qui n’était pas le cas auparavant. Quand on crée des cours d’eau où il n’y en avait pas par le passé, ceux-ci ont tendance à s’éroder davantage, à s’élargir et s’approfondir. Il y avait donc deux cheneaux principaux se rendant au grillage et on s’est aperçus que l’un des deux apportait l’essentiel de ces matériaux. Il fallait agir en priorité sur ce ruisseau, tout le monde en convenait », mentionnait-il lors d’une présentation réunissant des intervenants de la municipalité et du CBE.
Obstructions naturelles
L’intervention menée le long du cours d’eau s’écoulant le long de ce fossé a permis la création d’une vingtaine « d’obstructions naturelles » faites de bois et de branches de sapin. Sans bloquer la circulation de l’eau ou même des poissons, ce qui n’est pas le cas pour cet exemple précis, ces structures permettent de limiter la vitesse de transition des sédiments qui se rendent donc moins rapidement et avec une intensité moindre au grillage du ruisseau Mailhot.
« Les transits sédimentaires, on peut les capter à la source ou les intercepter au fur et à mesure qu’ils se forment et ce que l’on a fait ici en ajoutant de telles obstructions au drainage. On ne résout pas complètement la problématique, mais on vient la réguler en atténuant la vitesse à laquelle les sédiments vont s’accumuler », insiste M. Demers en ajoutant que le génie derrière une telle intervention est sa simplicité et les faibles coûts entourant sa réalisation du fait qu’on utilise des ressources naturelles provenant du milieu ou fournies par les voisins eux-mêmes.
« C’est une solution que l’on pourrait répliquer ailleurs sur le territoire et qui est facile à mettre en œuvre », poursuit-il en ajoutant que cette problématique est présente à la grandeur de la province du fait qu’on y retrouve de nombreux cours d’eau droits, ceux-ci étant dans bien des cas devenus des convoyeurs rapides en eau et en sédiments puisque leur trajectoire a été modifiée, dans bien des cas.
Comme il s’agit d’un fossé de ligne et que les travaux ne nuisaient pas à l’habitat du poisson, cela a facilité le travail et permis d’obtenir rapidement toutes les autorisations requises
« Même s’il y avait eu du poisson, on aurait fait les travaux pareil, car ces obstructions sont poreuses et permettent autant la circulation de l’eau que du poisson. On veut que les sédiments restent sur place, mais que l’eau continue à circuler », précise le technicien en ajoutant que structures similaires étaient déjà en place et que celles-ci avaient été maintenues pour cette raison.
« Le fait d’ajouter du bois, ce n’est pas une invention humaine, ça se fait naturellement dans toute bande riveraine avec du bois qui meurt, tombe dans les cours d’eau et agit déjà comme une obstruction. On vient donc imiter une caractéristique du milieu naturel, ce qui fait que c’est plus facile d’un point de vue environnemental », soutient également M. Demers en mentionnant que la démocratisation de ce concept et des connaissances peut ainsi se faire vers les organismes du milieu comme les OBV ou les CBE qui peuvent les réaliser eux-mêmes, à faible coût.
Si une surveillance de la municipalité sera nécessaire, de telles structures peuvent durer de 15 à 20 ans, en fonction de la résistance du bois. « C’est un des projets les plus faciles qu’a eu à réaliser le CBE », indique pour sa part la directrice générale Véronique Dumouchel qui a salué la collaboration entre son organisme, la municipalité de Lac-Etchemin et la firme Rivière.
La réalisation de ce projet a nécessité un investissement de 43 000 $ du ministère de l’Environnement, somme à laquelle s’ajoute des contributions nature du CBE et de la municipalité de Lac-Etchemin.