Le chef de l’AIEA se rend en Iran alors que les guerres au Moyen-Orient inquiètent
Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a averti jeudi que «l’espace de négociation et de diplomatie […] se rétrécit» concernant le programme atomique avancé de l’Iran, alors que les guerres au Moyen-Orient font rage et que le président Donald Trump reviendra à la Maison-Blanche.
Rafael Mariano Grossi, le directeur général de l’AIEA, était en visite à Téhéran dans le but de rétablir l’accès de ses inspecteurs au programme iranien et de répondre aux questions toujours en suspens à ce sujet, comme il l’a fait lors de précédents voyages qui ont eu un succès limité depuis que M. Trump a retiré unilatéralement les États-Unis de l’accord nucléaire de la République islamique avec les puissances mondiales.
Cependant, les remarques de M. Grossi et de son homologue iranien lors d’une conférence de presse ont suggéré que des lacunes importantes existent toujours, même si certains pays font pression pour prendre des mesures contre l’Iran lors d’une prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA.
«Nous savons qu’il est indispensable d’obtenir, à ce stade, des résultats concrets, tangibles et visibles qui indiqueront que ce travail conjoint améliore la situation, apporte des éclaircissements et, d’une manière générale, nous éloigne du conflit et, en fin de compte, de la guerre», a déclaré M. Grossi.
Depuis l’échec de l’accord en 2018, l’Iran a abandonné toutes les limites de son programme et enrichit l’uranium jusqu’à 60 % de pureté – soit près des niveaux de qualité militaire de 90 %.
Les caméras de surveillance installées par l’AIEA ont été perturbées, tandis que l’Iran a exclu certains des inspecteurs les plus expérimentés de l’agence basée à Vienne. Les responsables iraniens ont également de plus en plus menacé de se lancer dans l’arme atomique, ce qui inquiète l’Occident et l’AIEA depuis que Téhéran a abandonné un programme d’armement organisé en 2003.
S’exprimant lors d’une conférence de presse avec Mohammad Eslami, de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, M. Grossi a souligné que, si l’AIEA et l’Iran continuaient de négocier, le temps n’était pas nécessairement de leur côté.
«Le fait que des tensions internationales et régionales existent montre que l’espace de négociation et de diplomatie ne s’agrandit pas, il se rétrécit», a soutenu le directeur de l’AIEA.
Avant de se présenter avec M. Eslami, M. Grossi a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, qui a écrit plus tard sur la plateforme X que «les différends peuvent être résolus par la coopération et le dialogue». Cependant, il a prévenu Téhéran qu’il n’était «PAS prêt à négocier sous la pression et l’intimidation».
Certains politiciens ont même suggéré que l’Iran abandonne le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, connu sous le nom de TNP, et se lance dans la fabrication de la bombe nucléaire. M. Araghtchi a qualifié l’Iran de «membre engagé du TNP», bien que Mohammad Eslami ait averti dans ses remarques que l’Iran pourrait riposter s’il était mis en cause lors de la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA. Rafael Mariano Grossi a reconnu que certains pays envisageaient de prendre des mesures contre l’Iran.
«Nous avons déclaré à plusieurs reprises que toute résolution visant à intervenir dans les affaires nucléaires de la République islamique d’Iran serait certainement suivie de mesures réciproques immédiates et nous ne leur permettrons pas [d’exercer] ce genre de pression», a déclaré M. Eslami.
Les journalistes présents à la conférence de presse, ainsi que M. Eslami, ont critiqué Israël pour sa campagne de sabotage et d’assassinats de longue date visant le programme nucléaire iranien. Certains ont pointé le fait que des responsables israéliens ont menacé de représailles potentielles des sites nucléaires Iraniens, alors que l’Iran et Israël échangeaient des attaques directes dans le cadre de la guerre en cours entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza et de l’offensive terrestre et aérienne d’Israël au Liban.
«La réponse réside dans ce que nous faisons ici, dans ce que nous, l’AIEA et l’Iran, pouvons faire pour résoudre les questions en jeu», a argué M. Grossi, décrivant «une situation de tension» autour du programme nucléaire iranien.
«Je suis ici pour travailler avec l’Iran, pour essayer de trouver des solutions adéquates pour apaiser les tensions, pour aller de l’avant. C’est mon objectif. C’est ma préoccupation. Et je suis convaincu que nous allons pouvoir y parvenir», a-t-il assuré.
Mais, alors que les deux hommes ont terminé la conférence de presse sous les questions des journalistes, aucun des deux n’a donné le moindre signe d’une avancée imminente.
M. Grossi a également rencontré jeudi, pour la première fois, le président réformiste Masoud Pezechkian. Il doit visiter vendredi les sites d’enrichissement nucléaire de Fordo et Natanz en Iran.
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Nasser Karimi, journaliste à l’Associated Press à Téhéran, en Iran, a contribué à cette dépêche.