Les agriculteurs s’ajustent à la crise
AGRICULTURE. Sans surprise, les producteurs agricoles de la région doivent aussi s’ajuster à la crise actuelle, même si leur rôle a été jugé essentiel par les autorités dès le début de la crise.
Leur situation continue d’ailleurs d’évoluer quotidiennement en raison de différents facteurs. Actuellement, seules la pomme et la pomme de terre sont peu touchées par la crise explique le président de l’Union des producteurs agricoles pour la région Chaudière-Appalaches, James Allen. «Toutes les autres productions sont affectées, notamment en raison de la fermeture importante de la filière HRI (pour Hôtel, Restauration et Institutionnel)», explique-t-il.
Les producteurs de lait ont été parmi les premiers sur la ligne de front, certains ayant dû disposer d’une partie de leur production. «On a demandé aux producteurs, le 3 avril dernier, de baisser leur production d’environ 8 à 9 millions de litres par mois alors que généralement, cette production pouvait atteindre 65 millions de litres pour l’ensemble du Québec», explique David Poulin, président des Producteurs de lait de la Chaudière-Appalaches-Sud.
Il poursuit en disant que les systèmes qui servent de tampon lorsqu’il y a des variations sont au maximum. «Pensons au beurre, au fromage ou à la poudre de lait. On peut stocker ces produits à plus long terme, sauf que les usines de transformation fonctionnent à plein régime dans les circonstances actuelles.»
Il ajoute qu’il serait difficile de produire davantage de lait puisque le secteur de transformation ne pourrait suivre, même si cela était au bénéfice des banques alimentaires. «Quand nous faisons des dons, toute la filière doit participer. Le producteur ne peut faire plus que donner son produit. Celui-ci doit être transformé avant, il ne peut être donné directement au consommateur. Lorsqu’un don de lait doit être fait, il doit être transporté, ensuite transformé et de nouveau transporté vers les banques alimentaires qui elles, sont aussi limitées en termes de stockage. Ce sont des produits réfrigérés après tout.»
La transformation, un facteur
Les producteurs acéricoles qui vendent généralement à la ferme sont naturellement touchés de plein fouet, puisqu’aucun visiteur n’est admis dans les cabanes à sucre. James Allen a bon espoir que la fédération puisse se porter acquéreuse de la production en grande partie. «Ces gens-là vendaient beaucoup sur place. Espérons que la Fédération saura trouver des marchés pour en disposer.»
Autant les producteurs de lait, de volailles, de bœuf et de porc surveillent notamment l’évolution des marchés, surtout que les habitudes de consommation des gens ont changé au cours du dernier mois. Les mesures prises dans les usines de transformation sont également en cause, ajoute-t-il. Celles-ci ne peuvent rehausser leur production et doivent au contraire la diminuer. «Toutes les mesures sanitaires prises dans les entreprises, la confirmation de cas, la distanciation sociale et autres, tout ça fait en sorte que certains transformateurs ont baissé leur rythme, ce qui a une incidence sur les commandes faites aux producteurs.»
Le secteur de la volaille est également en ajustement avec une baisse de 15 % de sa production. «Il risque d’y avoir une diminution aussi dans l’élevage. Le cycle étant très court, environ 40 jours, les producteurs ont ainsi plus de facilité à s’ajuster, puisqu’il y a quelques cycles dans une année.»
Relativement aux productions bovine et porcine, il y a encore de l’exportation qui se fait, sauf que la façon de faire a été revue. «Dans le porc par exemple, il y a moins de découpe qui se fait et les morceaux expédiés sont beaucoup plus gros, ce qui allège la tâche des abattoirs qui peuvent tout de même produire avec constance et éviter qu’une quantité de porc se retrouvent en attente. Ce ne sont pas toutes les productions qui peuvent agir de cette façon», illustre-t-il.
«La vente de steak haché a augmenté, alors cela se passe bien, pour l’instant. Sauf qu’il n’y a plus d’abattoir au Québec et un abattoir américain est fermé jusqu’au début du mois de mai, alors il pourrait y avoir des répercussions chez nous pour cette raison. Il y a heureusement de petits abattoirs dans nos régions et on peut facilement s’approvisionner dans bien des cas», résume-t-il en terminant, ajoutant être très heureux de voir que les pépinières et centres jardins pourront reprendre leurs activités et que le volet des travailleurs étrangers a lui aussi bien évolué.