Le plastique, pas si mal finalement ?
INDUSTRIE. Diabolisé depuis un certain temps maintenant, le plastique regagne une certaine noblesse depuis quelques semaines, notamment en raison de la pandémie entourant la Covid-19.
À titre d’exemple, la distribution du Publisac a également fait l’objet de débats, même s’il est fait de plastique recyclé. Le sac de plastique dans les épiceries a été rejeté dans le passé par la plupart des chaines d’alimentation et remplacé par les sacs réutilisables, une chose que recommandait le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) pas plus tard qu’en janvier dernier.
En contrepartie, le sac réutilisable n’a finalement pas que des avantages, puisque plusieurs épiceries les interdisent maintenant pour des raisons d’hygiène, la santé ayant surclassé l’environnement dans les priorités de bien des gens. Le sac de plastique est finalement de retour. Ce matériau est aussi amplement utilisé dans les secteurs de l’alimentation et de la santé.
Valeur ajoutée
Directeur général de l’organisme Alliance Polymère Québec, dont l’organisme travaille à améliorer la compétitivité de l’industrie du plastique et des matériaux composites, Simon Chrétien constate déjà que la pandémie cause des remous dans les perceptions de la population. «La crise est encore jeune et les gens sont encore en mode gestion de crise, alors les réflexions sur le sujet débutent. C’est possiblement après la crise que certains constats pourront être faits.»
L’interdiction de certains plastiques à usage unique envisagée par le fédéral sera probablement retardée en raison du coronavirus. Selon M. Chrétien, le plastique a toujours des preuves à faire, sauf que les critiques sont souvent dirigées au mauvais endroit. «Le problème n’est pas le plastique, mais la gestion de fin de vie des plastiques. Les environnementalistes qui tapaient sur les plastiques auront peut-être une oreille moins attentive des gens, parce que tout ce qu’ils disaient était une vérité qui n’en était pas une finalement.
Il estime que le plastique et ses dérivés représentent une industrie de 6 milliards de dollars dans la province et un milliard en Chaudière-Appalaches. «La possible disparition du plastique à usage unique ne fera pas baisser tant que ça le chiffre d’affaires global, puisque nous sommes surtout concentrés dans des pièces de plus petit volume, mais qui vont chercher des usages plus complexes dans des domaines comme l’automobile, l’alimentation et le médical ou l’esthétique.»
Ce regain de l’utilité du plastique dans notre société est une bonne nouvelle selon lui pour la région, surtout que plusieurs gros joueurs de l’industrie y ont pignon sur rue. «Nous avons beaucoup de gros joueurs dans la région avec Plastique Micron à Sainte-Claire, Ben Pak à Saint-Anselme, Roy-Leclerc à Pintendre doivent rouler à plein régime étant dans le médical, IPL à Saint-Damien, Elf Plastik à Saint-Léon font des contenants dédiés à l’alimentaire. Un certain nombre dans l’industriel, dont Versaprofil à Saint-Lazare.»
Cette diversité et la spécialité des entreprises du territoire pour le Québec, et Chaudière-Appalaches en particulier. «Oui, nous avons des entreprises qui fabriquent du plastique à usage unique, mais nous avons surtout une industrie qui fait des produits à valeur ajoutée. Les plastiques qui se retrouvent dans des cours d’eau ou des océans n’ont pas leur place là et aucun producteur de produits du plastique qui est content de ça. Possiblement qu’après la pandémie, la discussion va se diriger vers les bons enjeux et non les discours extrémistes.»