La Contrebande se rapproche de son milieu
BIÈRES. Après avoir fondé leur propre brasserie en 2016 et s’être installés dans leur propre usine à Saint-Anselme l’an dernier, les frères Mathieu, Antoine et Jérémy Blondin récidivent avec une nouvelle idée: une terrasse et la consommation sur place.
Le trio profite ainsi de la pandémie et de la pause d’un contrat avec la Chine pour ouvrir un centre de dégustation, à même leurs installations de la rue Jean-Paul Leblanc. «Nous recevons régulièrement des courriels à ce sujet, alors comme nous avons plus de temps à notre disposition, c’est le temps de le faire. Nous aurions pu l’installer ailleurs, mais les gens sont peu familiers avec des installations comme les nôtres, alors c’est une bonne opportunité pour montrer ce que l’on fait et les opérations du même coup», explique Antoine, le porte-parole du groupe.
Bien en famille, mais aussi très occupés, les trois frères cherchaient aussi une façon de promouvoir leurs produits localement, n’ayant pas accès aux établissements hôteliers et bars de la région en raison des ententes en vigueur avec les brasseries traditionnelles. «Nous sommes toujours ici, et en train de travailler. Là, on pourra aussi avoir le contact humain. On veut garder ça familial le plus possible, mais voir du monde aussi. C’est valorisant de recevoir des commentaires positifs aussi en même temps», enchaine-t-il.
Approchés par différentes localités, les trois frères expliquent qu’ils souhaitaient demeurer à Saint-Anselme, malgré tout. «Nous sommes chez-nous, dans notre village. Il y avait des offres alléchantes, mais nous allons rester où nous sommes, puisque nous avons la possibilité d’avoir accès à des espaces additionnels et même d’acheter le bâtiment dans le futur.»
Petit train va loin
Mathieu, Antoine et Jérémy ont fait beaucoup de chemin depuis la création de leur brasserie il y a quatre ans maintenant. Le lancement a été modeste et l’aventure a ensuite évolué d’un bon pas. La Contrebande, c’est maintenant six produits différents. «On s’est lancé là-dedans alors que j’avais 18 ans. Je trouvais personnellement que les brasseries traditionnelles n’avaient pas une image très jeune. Nous avons commencé en louant des espaces à des brasseries existantes, question de développer notre produit. Notre première alliance à ce niveau n’a pas été une bonne expérience, mais nous avons continué parce que nous avions tout de même du succès. Nous avions produit 8 000 bouteilles et ça s’était vendu en deux semaines, alors notre mise en marché s’était bien déroulée malgré tout.»
C’est ce succès qui a incité les frères à poursuivre et à se rapprocher de leur milieu, obtenant un accès avec l’entreprise Frampton Brasse qui a brassé leur bière pendant une certaine période. «Ça nous a permis de développer davantage notre marché. Nous avons commencé local vers Montréal et nous sommes maintenant un peu partout au Québec.»
La Chine et l’international
Si leur bière blanche est bien reconnue par les spécialistes et qu’elle a permis aux trois frères d’établir leur nom, c’est véritablement l’appel d’un investisseur chinois en janvier 2018 qui a changé bien des choses. «Il était justement dans un endroit à Québec en train de goûter à notre bière. On avait un peu de difficultés à se comprendre, sauf que ça semblait évident qu’il aimait notre produit. Comme il œuvre dans l’import-export, il souhaitait importer notre bière en Chine.»
S’ils ont d’abord cru à une blague, les demandes répétées de cet investisseur les a convaincus de tenter leur chance. «Il nous a demandé un container plein. On n’a pas pu lui offrir dès le départ, puisque nous n’avions pas la capacité de production nécessaire. Nous avons acheminé une certaine quantité de bière qu’il avait payée avant même la production. Ça nous a rassurés et incités à réfléchir à la possibilité d’ouvrir notre propre usine.»
Cette relation d’affaires ne sera pas morte avec l’arrivée du coronavirus, fort heureusement. «Nous avions produit une bonne quantité de bière que nous devions expédier avant le début de la pandémie. Heureusement, nous avons réussi à écouler cette marchandise dans la province. Le lien existe toujours, nous avons d’ailleurs repris les discussions pour la suite des choses il y a quelques jours.»
Ouverte depuis l’an dernier, l’usine permet de produire entre 55 000 et 60 000 canettes par mois. Ils ont d’ailleurs maintenu le même rythme toute la durée de la pandémie ayant choisi de lancer deux nouveaux produits. «Nous avons produit beaucoup de bière, tout en se préparant pour l’été. Ça nous a tenu occupés.»
Les derniers mois ont toutefois nécessité certains investissements, dont près de 60 000 $ consacrés à l’achat d’un convoyeur qui servira à l’encannage de la bière. «C’est un demi-million de dollars au cours de la dernière année», confirme Mathieu, le comptable de la famille. L’investissement leur permettra d’augmenter leur capacité de production en évitant, pour le moment, d’avoir à recruter du personnel additionnel.