Covid-19: Plastique Moore parmi les entreprises-clés de la riposte canadienne
SANTÉ. Plastiques Moore de Saint-Damien fait partie d’un groupe retenu par Santé Canada dont le mandat sera de fabriquer des composantes servant au test de la Covid-19. La fabrication de pièces pour les masques N-95 est aussi à l’agenda.
Visiblement heureux du dénouement, les deux propriétaires, Marie-Claude Guillemette et Normand Mercier, indiquent avoir été retenus par deux manufacturiers et Plastique Moore agira à titre de fournisseur de ces deux entreprises, sur deux projets distincts.
«Le projet A est pour un type d’appareil, sauf que les consommables doivent être fabriqués au Canada, plutôt que la compagnie importe ses équipements ici. Les consommables sont des pièces de plastique à usage unique utilisées pour les tests sérologiques. On ne parle pas du test qui évalue si tu l’as ou non, mais plutôt du test qui vérifie si quelqu’un a déjà eu la Covid-19 et si la personne a les anticorps. Le gouvernement dit vouloir tester l’ensemble des Canadiennes et des Canadiens», explique Mme Guillemette.
M. Mercier ajoute que le contrat, annoncé par le gouvernement fédéral le 9 juillet dernier, prévoit la fabrication de 2 100 000 kits de test qui pourraient permettre de tester plusieurs millions de personnes.
Une part plus importante du domaine médical
L’arrivée de la Covid-19 a mis en lumière une bien triste réalité au pays, celle que le Canada n’était pas suffisamment autonome dans ce genre de situation. «Comme nous n’étions pas équipés au Canada pour faire ce genre de test, Santé Canada a dû négocier avec ces deux fournisseurs pour que les consommables soient fabriqués au Canada. Ces équipements pourront tester la Covid, mais aussi plein d’autres choses par la suite», indique Mme Guillemette.
Normand Mercier explique, pour sa part, que des processus du genre sont terriblement longs, surtout lorsque l’on parle de santé. «Nous avons eu besoin de huit semaines pour les fabriquer, alors que ça prend près de six mois habituellement. Santé Canada dit qu’il y aura une deuxième vague et que l’on ne s’en sortira pas, alors il n’est jamais trop tard pour se doter d’équipements.»
Sur les composantes dédiées aux masques N-95, elle ajoute que le processus suit son cours. «Nous avons testé les moules il y a trois semaines et ils sont en assemblage chez notre client. Les moules sont en révision et il reste quelques retouches à faire parce que ce n’était pas parfait. C’est en processus et il pourra être certifié une fois que tout sera au point», explique Marie-Claude Guillemette.
Le fait d’être déjà actif dans le domaine médical et d’y avoir déjà un certain réseau est ce qui a permis à Plastique Moore d’être retenu en fin de compte selon les deux dirigeants. «Nous avons commencé à travailler sur la microfluidique en recherche et développement il y a cinq ans environ avec le Conseil national de recherche scientifique du Canada (CNRC). Quand la Covid est arrivée, le gouvernement a demandé à ses principaux partenaires dans le réseau qui était à recommander au pays pour travailler là-dessus. Notre nom est sorti», explique Marie-Claude Guillemette.
«Nous sommes déjà beaucoup impliqués dans le médical, avec près de 20 % de notre chiffre d’affaires. Ce contrat est d’un an et renouvelable, alors la portion médicale va augmenter, bien sûr», selon Normand Mercier qui ajoute que les pièces nécessaires dans ce domaine sont très techniques et spécialisées. «On voit enfin des mois et des années d’efforts se concrétiser. Ce sont des choses qui exigent un travail de longue haleine. Le prochain a nécessité quatre ans de travail.»
Investissements et main d’œuvre
Ainsi, un investissement de 2,8 millions de dollars, uniquement pour répondre aux besoins de ces deux projets, a été nécessaire et est déjà en cours de réalisation. «Il faut acquérir des équipements, des robots, des scelleuses, on ajoute une nouvelle salle propre, on agrandit notre salle d’emballage. Tout ça est déjà en cours et se fait à l’interne. L’entreposage, à titre d’exemple, se fera dans les locaux de l’entreprise Tibo que nous avions acquis il y a quelques mois, fort heureusement d’ailleurs», explique Mme Guillemette.
L’entreprise emploie actuellement une centaine de personnes, sans compter les emplois actuellement affichés. Comme d’autres projets dans le médical sont sur le point de se matérialiser, les besoins de main-d’œuvre sont indéniables. «Il faut absolument trouver de la main-d’œuvre pour faire ces produits-là. Nous avions six travailleurs étrangers qui devaient arriver en juillet, mais ce ne sera pas le cas. On nous parle de trois mois de retard à ce niveau. Pour ces contrats, c’est au moins une douzaine de travailleurs dont nous avons besoin, certains en génie industriel, en qualité, en automatisation et autres», ajoutent les deux dirigeants.
Ils confirment également que Plastique Moore pourrait lorgner vers les États-Unis pour assurer son développement. «À Saint-Damien, on ne se le cachera pas, on sera saturé. Ça fait deux ans que l’on regarde aux États-Unis pour acquérir une entreprise. Peut-être que la Covid créera des opportunités pour acquérir une entreprise en difficulté, en plus du Mexique où nous sommes déjà.»
Le plastique, de plus en plus utile?
L’arrivée d’une pandémie a amené un constat de plus en plus évident. Généralement décriées, les vertus du plastique sont de plus en plus nombreuses et utiles. Le retour des sacs de plastique en épicerie et son utilité en matière environnementale ne font plus de doute, selon Marie-Claude Guillemette.
«On voit maintenant que la salubrité passe avant tout. Le plastique, c’est ce qu’on en fait qui est le problème, pas l’utilisation. Jeter son morceau de plastique dehors n’est pas mieux que de jeter un bout de métal, une bouteille ou autres. Les voitures d’aujourd’hui font du 8 ou 9 litres par 100 km, plutôt que du 20 ou 23 litres comme dans le temps en raison du plastique, car c’est plus léger que l’acier, par exemple«, observe-t-elle.
Le plastique a aussi ses avantages avec l’alimentation et aujourd’hui, le médical, insiste-t-elle, Plastiques Moore étant un bel exemple de cet état de fait. «Notre entreprise produit du plastique qui est généralement recyclable. Les gens connaissent mal le plastique, malheureusement. Pourquoi le recyclage n’est pas enseigné à l’école ? Ce serait déjà un bon début de les conscientiser aux bonnes pratiques et aux bonnes habitudes.»