La période des impôts est en cours, quelques conseils
FINANCES. Le mois de mars vient à peine de débuter et déjà, la période des impôts laisse entrevoir certaines choses particulières en raison de la pandémie de la Covid-19. Prestation canadienne d’urgence (PCU) et télétravail seront deux variables importantes à prendre en considération cette année.
Les gens mal préparés pourraient avoir de mauvaises surprises, selon quelques intervenants interrogés par le journal. Marc Roy de Compilation 2000, à La Durantaye, entreprend sa 31e période d’impôts, entièrement chez les particuliers. La Prestation canadienne d’urgence (PCU) fera partie de son quotidien des prochaines semaines. « Plusieurs contribuables ont reçu de grosses sommes de la PCU, alors il y aura de mauvaises surprises, car aucune retenue d’impôt n’a été effectuée par le Fédéral », laisse-t-il entendre.
Économiste de formation, son bureau a toujours été dans sa résidence. Comme celui-ci est trop petit pour respecter les normes sanitaires, il reçoit ses clients dans un abri installé expressément sur sa galerie. Les conversations avec ses clients se font par téléphone avant leur passage à son bureau. Il a donc aménagé un abri pour les circonstances, où il a installé une boite de dépôts pour les documents, ainsi qu’une petite table pour faire signer les clients à leur retour.
Marc Roy doit ainsi enfiler manteau et masque à chacune de ses entrevues. «Jamais je n’aurais pensé un jour devoir organiser un tel scénario devant ma porte de bureau. Cependant, une majorité de clients trouvent la situation cool et rassurante en cette période de confinement. »
Des surprises pour plusieurs
Éric Lachance, comptable professionnel agréé chez Lemieux Nolet à Lac-Etchemin, avait quant à lui prévenu ses clients que des précautions devaient être prises. « J’ai prévenu mes clients qui ont reçu de la PCU de prévoir un 35 % de côté. Il y a quelques cas de fraudes dans la région, à savoir des gens qui n’ont pas reçu de PCU, mais qui ont reçu un feuillet indiquant des revenus de 8 000 $ par la poste. Les gens auront un an (30 avril 2022) pour débattre qu’ils n’ont pas reçu ces sommes avec l’Agence de revenu du Canada. »
Annick Breton, native de Lac-Etchemin et associée-fiscaliste chez Raymond Chabot Grant Thornton à Lévis, travaille surtout au corporatif. Elle a une opinion bien arrêtée sur les possibilités de voir des gens avoir des difficultés. « Les faillites ont diminué au cours de la dernière année, mais certains spécialistes s’attendent à ce qu’elles augmentent lorsque les rapports d’impôts seront produits. Avec la PCU, bien des gens gagnaient moins d’argent et se sont retrouvés avec plus de revenus qu’avant la pandémie. »
Ce n’est pas le cas pour tout le monde toutefois. Le fait que l’impôt sur la PCU n’est pas été prélevé à la source risque d’en surprendre certains, même si le paiement de l’impôt a été reporté. « Les gens étaient conscients qu’ils auraient de l’impôt à payer, mais quand on a l’argent dans nos poches, ça devient tentant. Certains n’en ont possiblement pas gardé suffisamment. »
Le télétravail
Tous s’entendent pour dire que le télétravail a augmenté au cours de la dernière année. Fiscalement parlant, les gains ne seront possiblement pas au rendez-vous pour tous. « La formule détaillée est plus avantageuse, mais elle est aussi plus technique et implique d’évaluer l’espace du logement consacré au télétravail. Logiquement, les gens qui ont au moins une pièce complète consacrée uniquement à un bureau à la maison y trouveront peut-être un avantage. Dans le cas contraire, la méthode simplifiée est peut-être la solution », estime Éric Lachance.
« 75 % de nos clients ont un formulaire T4, qui les rend automatiquement admissibles à l’aide pour un bureau à domicile. Il y a les deux méthodes cette année contrairement aux années passées. Les gens voudront avoir le plus possible, alors beaucoup de monde va possiblement avoir davantage de documentation cette année, même si la formule simplifiée est peut-être avantageuse », prévoit Annick Breton.
« Le crédit de télétravail à la maison sera très en demande, car plusieurs ont dû adapter un environnement de travail dans leur résidence. Le 2 $ par jour pour un maximum de 200 jours, si on utilise le formulaire simplifié et sans preuve de reçus, risque d’être le choix de plusieurs », affirme Marc Roy.
Ce dernier ajoute que l’on a parlé beaucoup des proches aidants depuis le début de la pandémie. Le crédit d’aidant naturel a donc été bonifié de façon importante au provincial. « Les personnes prenant soin d’un proche ayant un handicap quelconque pourront bénéficier de ce crédit. »
Profiter de l’aide disponible
Si les entreprises sont davantage prêtes à la période des impôts qu’une majorité de particuliers, plusieurs n’ont pas maximisé leurs demandes au niveau de l’aide disponible, selon Annick Breton. En plus des subventions salariales pour les employés, celles associées aux baisses de revenus et celles sur le loyer, d’autres aides financières sont disponibles, dont les prêts que les entreprises peuvent aller chercher via les programmes d’urgence.
« On le voit. Certaines n’avaient pas compris que certaines subventions doivent être étudiées chaque mois. Il est là l’avantage pour les entrepreneurs de consulter un professionnel à ce niveau. Il y a tellement de formalités et des montants importants sont en jeu », fait-elle valoir.
Éric Lachance remarque, pour sa part, que tous les programmes gouvernementaux et autres, actuellement disponibles, font en sorte que la plupart des entreprises s’en sortent bien, alors que des inquiétudes étaient palpables au cours des derniers mois. Même dans les secteurs difficiles, ces programmes ont atténué les choses.
«La seule chose qu’il faudra voir, c’est si les entreprises se sont trop endettées avec tous les prêts qui étaient disponibles. Dans Bellechasse-Etchemins, la structure des commerces et entreprises est plus petite en général. Certains coûts, comme le loyer, sont moins onéreux, alors ils auront besoin de moins d’aide pour s’en sortir. En ville, avec les tours à bureaux et les centres commerciaux, ce ne sera pas la même chose.»
Il avoue candidement qu’il s’attendait à davantage de pertes au niveau commercial au début de la crise. « Moins noir que ce que j’avais prévu en mars l’an dernier. Certains clients ont fait une conversion vers les ventes en ligne, une démarche qui a fonctionné. À part quelques exceptions, les endroits touristiques n’ont jamais eu autant d’achalandage parce que les touristes sont demeurés au Québec. »
Le comportement des gens dans cette crise aura possiblement assuré l’avenir de certains commerces, croit-il également. «Plusieurs restaurants du coin ont réussi à survivre et à s’en sortir avec les commandes pour emporter ou la livraison. Les coopératives locales, telles que les épiceries ou les dépanneurs dans certains cas, ont bénéficié d’une certaine affluence supplémentaire par moments, au cours de la dernière année, en raison du confinement et d’un certain intérêt vers l’achat local. »