Il ouvre son bar… avec un permis de restauration
BARS. Jimmy Boutin-Trahan fait partie des rares propriétaires de bar à avoir choisi d’ouvrir son établissement avec le passage de la région Chaudière-Appalaches en zone orange. Son commerce, le bar chez Ti-Blanc à Saint-Léon est ouvert depuis jeudi matin et son propriétaire se dit en loi.
« Être en loi n’est pas un problème. Ça prend un permis du MAPAQ et servir à manger aux gens s’ils veulent consommer, comme n’importe lequel restaurant », dit-il, précisant qu’il allait se comporter comme tous les restaurants proprement dit.
« Les gens doivent réserver et s’ils se présentent ici sans l’avoir fait, à la limite, c’est de ressortir et d’appeler à l’intérieur pour le faire. Ça n’a pas de sens, mais c’est comme ça que les règles ont été établies. »
Son menu sera simple étant composé de cinq éléments seulement. « Je n’ai pas la prétention d’être un restaurant. Je le suis par la force des choses. Ce sont toutes des choses qui se font rapidement et qui, selon le décret, que nous devons préparer sur place. Je me suis ouvert un bar au départ et quelqu’un a décidé que pour que je puisse servir des pizzas préparées par quelqu’un qui a un permis du MAPAQ, il fallait que j’aie le même permis pour la faire cuire. »
Jimmy Boutin-Trahan avoue avoir bien réfléchit à la chose avant de se lancer. Il a notamment fait plusieurs aménagements à l’intérieur pour distancer les tables et les chaises et ainsi respecter les règles de distanciation sociale. « Le décret n’était pas très clair là-dessus. J’ai consulté des gens pour être sûr, puisque tout le monde nageait un peu dans l’abstrait. Tout est placé pour que ce soit deux adultes, deux mètres, deux adultes, deux mètres, etc. C’est stupide, mais ça me donne l’opportunité d’ouvrir. »
L’autre aspect qui l’a possiblement influencé est que contrairement à d’autres établissements, Jimmy Boutin-Trahan n’a pas eu droit à toutes les aides gouvernementales disponibles. « Quand la Covid est arrivée, nous n’avions qu’une année fiscale dans notre bilan, puisqu’on a commencé en décembre 2018. Comme on a fait beaucoup d’améliorations une fois ouvert, notre bilan était négatif, alors les décideurs ont jugé que ce n’était pas en raison de la Covid si nous n’étions pas rentables. Ça n’a pas été un problème au fédéral mais au provincial, très décevant. Aux dernières nouvelles, mes taxes municipales sont payées, mes permis aussi et j’ai d’autres frais fixes. Tant qu’à payer dans le vide et ne pas avoir d’aide à moitié, j’ai choisi d’ouvrir. »
Globalement, M. Boutin-Trahan ne comprend pas pourquoi le secteur des bars n’a pas bénéficié des mêmes permissions que d’autres secteurs d’activité, notamment les restaurants. Encore là, il s’agit d’inégalité dans son esprit. « Nous sommes soumis aux mêmes règles de distanciation et payons des prix de fou pour les permis. L’alcool n’est pas un bien nécessaire, mais les SAQ restent ouvertes, c’est incompréhensible. On n’a qu’à regarder ce qui n’est pas encore ouvert, et c’est ceux qui ont des permis de bar, soit les salles de quilles, de billard et le reste. Ce n’est sûrement pas parce qu’on n’envoie pas d’argent au gouvernement dans une année, avec les permis, l’impôt et toutes les taxes sur la boisson. »
En terminant, Jimmy Boutin-Trahan en a long à dire sur la gestion actuelle de la crise faite par les gouvernements. Il s’attend à recevoir de la visite, étant l’un des seuls de son domaine à opérer. « Je le sais que j’aurai de la visite. Certains diront que je ne suis pas un restaurant et ils ont raison. Je n’ai pas demandé de permis de restaurant, on m’a obligé à l’avoir et à le prendre sous menaces d’amendes, car ça prend un permis de restauration pour faire réchauffer des pizzas. D’accord ou pas avec les règles, il faut lâcher prise. »