La construction en effervescence

<p>HABITATION.</p>

Dans ses prévisions en vue de l’année 2021, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) anticipait un recul, puisque l’année 2020 avait été plutôt étonnante, la pandémie ayant eu peu ou pas d’effet sur la construction résidentielle.

Si elle prévoyait un recul allant jusqu’à 19 % pour la région Chaudière-Appalaches, en raison d’une période exceptionnelle en 2020, l’association doit revoir ses prévisions puisque l’année 2021 a débuté de façon plus intense. Seul facteur qui pourrait atténuer cet élan, le prix des matériaux de construction.

« Après deux mois, ce n’est pas ce qui se passe, effectivement. Il y a des choses qui se passent à Lévis. En 2020, c’était la meilleure année pour la construction résidentielle à Lévis. On pensait que le feu brûlerait un peu moins fort, ce qui n’est pas le cas. Le marché de la construction est plus robuste que prévu. J’ai très hâte de voir les données pour les plus petits marchés qui sortent généralement sur une base trimestrielle », indique Paul Cardinal, économiste de l’APCHQ.

La situation financière des ménages est heureusement demeurée suffisamment solide, alors que travaux de rénovation et achat d’une propriété plus grande ayant été au menu de la dernière année. Certaines personnes, qui auront la possibilité de continuer de travailler à distance sur une base régulière après la pandémie, pourraient faire le choix de s’éloigner, selon les prévisions de l’association.

« La pandémie a aidé certaines personnes. Les gens étant en cocooning ont accordé plus d’importance à leur propriété. Le télétravail a changé les possibilités de localisation de certains ménages. Il y a eu une augmentation du taux d’épargne chez certaines personnes qui n’avaient plus de possibilité de sorties, de voyages ou de visites au restaurant, et d’autres ont profité de certains avantages, dont la PCU fédérale. Cet argent, ainsi que le budget loisir ou vacances pour plusieurs, a servi à acheter ou rénover leur propriété », constate M. Cardinal.

Le prix des matériaux

Il ajoute que la hausse dans le domaine de la rénovation était prévisible, car il était évident que plusieurs allaient opter pour réaliser certains travaux eux-mêmes plutôt que de faire appel à des professionnels. « Des gens avaient le temps de faire des travaux et d’autres ne voulaient tout simplement pas recevoir des entrepreneurs chez eux en raison des mesures. »

Ainsi, à peu près tous les indicateurs sont à la hausse, remarque M. Cardinal, à l’exception du marché locatif où la pandémie est venue changer plusieurs aspects. « Au moment où le confinement a commencé, les propriétaires de logements ont appuyé sur le frein dans la rénovation, de crainte de perdre des locataires victimes de perte d’emploi ou d’une baisse de revenus. L’autre partie vient de la fermeture des frontières et du solde migratoire, alors que les travailleurs étrangers ou les immigrants, qui louent des logements en grande majorité, ne pouvaient entrer ou demeurer au pays. »

S’il y a une chose qui pourrait causer certains ralentissements dans le domaine de la construction au cours des prochains mois selon M. Cardinal, c’est le prix des matériaux en général. Déjà le bois retient l’attention de plusieurs. « Au début nous pensions que c’était temporaire, mais ça risque de demeurer, tout comme des hausses sur le béton ou l’acier. Il y a aussi des délais plus longs pour l’approvisionnement de certaines choses, telles que les portes et fenêtres. Ça pourrait devenir fréquent de voir des gens retarder ou mettre un terme à leur contrat avec les entrepreneurs. »

Globalement, l’APCHQ anticipe elle aussi un certain regain d’intérêt pour la banlieue et les centres urbains de plus petites tailles, ainsi que les maisons individuelles, les résidences secondaires et, dans une moindre mesure, pour les maisons intergénérationnelles.