Olymel: pas de progrès devant le conciliateur
TRAVAIL. Une première rencontre devant le conciliateur n’a pas permis de faire avancer le renouvellement de la convention collective des employés d’Olymel à Vallée-Jonction, les deux clans demeurant plutôt fermes sur leurs positions.
Cette première rencontre, tenue mercredi dernier, a plutôt servie à mettre la table pour une prochaine séance, le 18 mai. « Nous avons exposé notre point de vue au conciliateur qui nous a invité à déposer nos propositions sur le normatif, ce que nous nous emploierons à faire pour la prochaine séance. Nous suivrons donc le calendrier du conciliateur et nous sommes à sa disposition », a résumé le porte-parole de l’entreprise, Richard Vignault.
« Les demandes du syndicat ne sont toujours pas recevables telles qu’elles nous ont été présentées. Cela nous mettrait hors-jeu vis-à-vis de la compétition, l’usine de Vallée-Jonction bénéficiant déjà d’une rémunération de 18 % plus élevée que celle de nos concurrents. »
Le syndicat réplique, pour sa part, que depuis le déclenchement de la grève générale illimitée le 28 avril dernier, Olymel a décidé d’ignorer le syndicat et de diffuser des informations trompeuses liées à la négociation sur la place publique. « Olymel a déclaré dans des médias qu’il y avait urgence. Au même moment où il refuse de négocier avec diligence avec notre syndicat, il préfère négocier seul et sur la place publique », a répliqué le président du syndicat des travailleurs, Martin Maurice.
« Aujourd’hui même, dans le cadre de notre première rencontre de conciliation, l’employeur a refusé de déposer des offres salariales, alors qu’il s’était engagé à un retour global sur l’ensemble de nos demandes la semaine dernière », a-t-il ajouté.
L’effet surprise
Si le déclenchement de la grève par les employés a pris l’employeur par surprise, les exigences du syndicat ont bousculé elles aussi la partie patronale, avouait le 1er vice-président de l’entreprise, Paul Beauchamp, avant cette première rencontre. La préoccupation de demeurer concurrentiel revient souvent dans le discours la partie patronale, un peu à l’image du conflit de 2007, alors que les employés avaient dû accepter une baisse de leur salaire de près de 40 %. « Quand on fait la grande analyse, il n’est pas question de revenir à quelque chose qui pourrait nous ramener dans un contexte où l’écart des salaires avec nos concurrents ne nous permettrait plus de tenir la route et d’être compétitifs », rappelle-t-il.
L’entreprise a entretemps pris des dispositions pour relocaliser l’approvisionnement des porcs dédiés à l’usine de Vallée-Jonction dans ses autres usines. «On est conscient de la problématique et des risques de perdre des employés ou des irritants causés pour l’approvisionnement en porcs. Nous avions fait quelques exercices, pendant la Covid, de rediriger des porcs ailleurs. Nous avons vendu pour de courtes durées des quantités de porcs ailleurs. Les porcs provenant de l’Ontario, que nous dirigions vers l’usine de Saint-Esprit, sont détournés vers les États-Unis, ce qui libère des crochets au Québec pour rediriger les porcs destinés vers Vallée-Jonction à cet endroit. »
Si les demandes syndicales indiquent clairement qu’une augmentation appréciable des salaires sera nécessaire, M. Beauchamp indiquait déjà en début de semaine qu’aucune offre précipitée ne sera faite aux employés à court terme. « On ne fera pas de concession à la sauvette pour un retour au travail précipité. Nous avons une marge de manœuvre, mais très limitée par rapport à ce que l’on peut offrir. C’est le jour et la nuit avec les demandes des travailleurs. Il n’est pas question non plus d’antagoniser le processus et d’envenimer les choses ».
« Olymel sait très bien que nous faisons face à un sérieux problème de rétention de la main-d’œuvre. Depuis 2015, plus de 1 800 personnes ont été engagées à Vallée-Jonction et près de 1700 salarié-es ont quitté leur emploi. L’employeur devra comprendre que pour retenir son monde, il doit bonifier les conditions de travail », martèle Martin Maurice depuis le début de la grève.
Sur ces prétentions, M. Beauchamp illustre que la problématique n’est pas unique à Olymel, à la Beauce, à la région de Québec ou d’ailleurs. « Il faut être prudent. Déstructurer la compétitivité d’une entreprise peut être dangereux. D’autres abattoirs se sont greffés à notre organigramme depuis quelques années. Vallée-Jonction demeure au cœur de notre stratégie, mais son poids stratégique n’est pas le même que dans les négociations antérieures. Le reste de l’entreprise a évolué ».
« Dans toutes nos négociations avec Olymel, qui se déroulent rarement sans qu’il y ait un conflit, nous sentons cette culture de mépris, ce manque de respect à notre égard. Voilà pourquoi nous en sommes encore rendus au stade de la confrontation avec eux », déplore Martin Maurice.
Une autre rencontre est prévue devant le conciliateur le 18 mai prochain. « L’employeur ne s’est pas rendu disponible avant cette date pour la prochaine rencontre, malgré deux autres dates proposées par le conciliateur », ajoute-t-il en terminant.