Fermeture du Ti-Bar du Lac

AFFAIRES. Un autre établissement hôtelier de la région fermera ses portes au cours des prochains jours. Ouvert en 2006, le «Ti-Bar du Lac» de Lac-Etchemin cessera définitivement ses activités le 30 juin prochain.

Les propriétaires, Jean-Claude Noël et Ginette Leblanc, ont choisi cette avenue, jugeant que la poursuite de leurs activités devenait une option trop onéreuse. Cette décision d’affaires illustre, malheureusement, une tendance que l’on observe chez ce type de commerce, surtout en ruralité. «On a vécu une belle aventure sauf qu’à un moment donné, on se devait de prendre une décision», a confié le couple lorsque le journal les a rencontrés.

En vente depuis plus de deux ans, l’établissement n’avait toujours pas trouvé preneur. Ce n’est qu’au lendemain de leur décision qu’ils ont reçu une offre d’achat pour leur terrain à vocation commerciale. «Les six premières années, l’établissement était rentable. Il y avait cinq bars à Lac-Etchemin lorsque nous avons ouvert, mais avec le temps, les habitudes des gens ont changé, tout comme les lois sur l’alcool au volant. C’est maintenant tolérance zéro pour une certaine partie de la jeunesse», indique Mme Leblanc qui précise qu’il est de plus en plus difficile, aujourd’hui, d’assurer une certaine rentabilité à des commerces comme le leur.

«Il y a toujours une nouvelle loi qui arrive, une nouvelle exigence. Par exemple, le prix de la bière est devenu très élevé. La caisse de 24 bières nous coûte 56 $, c’est plus que le double de certaines épiceries. Tout coûte plus cher, alors les gens ont moins d’argent pour sortir. C’est devenu un luxe», ajoute-t-elle.

Trop d’exigeances et de règlementation

Jean-Claude Noël estime que son établissement a particulièrement souffert de la loi interdisant la cigarette sur les terrasses. La loi interdisant de fumer à l’intérieur des commerces venait à peine d’entrer en vigueur lorsque le couple a fait l’acquisition du bâtiment.

«Avec le temps, nous avons investi 18 000 $ pour aménager une terrasse convenable et accueillante pour permettre aux gens d’aller fumer à l’extérieur, été comme hiver. Ensuite est venue la loi interdisant de fumer sur les terrasses et enfin celle interdisant de fumer près des bâtiments. La terrasse est vide depuis l’entrée en vigueur de la loi. Il faut payer le permis quand même au cas où quelqu’un s’y rendrait.»

Comparativement à plusieurs, le Ti-Bar du Lac ne proposait pas, dans ses locaux, les loteries vidéo de Loto-Québec qui auraient pu lui assurer un certain revenu. «Nous nous sommes informés l’an dernier pour voir la possibilité d’avoir des vidéopokers, mais on nous les avait refusés. Nous avions eu l’occasion il y a quelques années de le faire, mais à ce moment, on avait jugé que c’était trop néfaste pour la population.»

M. Noël est toutefois conscient qu’il n’est pas le seul propriétaire d’établissement à avoir vécu des difficultés avec le temps. «On passe partout et les bars sont fermés, les restaurants en arrachent aussi. Le contexte est très difficile, c’est devenu trop strict et complexe. Il y a tellement de dépenses à considérer pour le peu de revenus qu’on en retire. Les permis, l’administratif, les assurances, le déneigement, les salaires, ça n’arrête pas.»

Ils se disent tout de même privilégiés d’avoir pu compter sur une belle clientèle et un bon personnel. «Nous avons eu beaucoup de plaisir avec nos clients et avons pu compter sur de bons employés. Notre ambiance était familiale et c’est ce qui plaisait à plusieurs. On va s’ennuyer de ça. Nous avons essayé de survivre, mais lorsque ton argent personnel sert à boucler le budget, le choix est simple. On s’était donné 10 ans. J’ai eu des problèmes de santé et j’ai franchi la soixantaine. Il est temps de faire autre chose et de profiter de la vie», confie M. Noël.