Michel Bonneau serein dans la défaite

MUNICIPAL. Défait dimanche soir lors de l’élection municipale, l’ex-maire de Saint-Anselme, Michel Bonneau, avoue avoir été surpris et très déçu du résultat.

Selon lui, toute personne qui se présente dans une campagne électorale doit justement être prête à accepter un tel verdict. «En campagne, tout le monde te dit qu’ils vont voter pour toi mais ça, c’est un comportement humain et ça fait partie de la vie. La possibilité de perdre est toujours là et il faut être capable de l’accepter. Les gens évalueront s’ils ont fait un bon choix le temps venu. Moi, je peux penser que j’étais l’homme de la situation pour un autre quatre ans, la population en a décidé autrement.»

Une chose est certaine, Michel Bonneau ne laissait personne indifférent avec sa façon de faire. Il estime encore que c’était la bonne. «Après 12 ans, je pars la tête haute. J’ai fait le travail pour lequel on m’avait élu. Je suis un développeur et quelqu’un de continuellement positif. À bien des endroits, des gens occupent une fonction et n’ont pas les capacités de la remplir. À l’occasion, ces gens-là n’ont pas l’équipe pour les rendre bons. Je pense que j’ai été quelqu’un qui a été capable de le faire et de monter ceux qui m’accompagnaient à un niveau. J’ai travaillé avec des gens à l’esprit très ouvert et dynamiques qui ont cru dans les projets qu’on amenait.»

Son bilan à la direction de sa localité n’est pas négligeable et Michel Bonneau n’hésite pas à s’attribuer certains mérites à cet égard. «Pourquoi à Saint-Anselme nous nous sommes revitalisés? Ce n’est pas moi qui ai investi, mais j’ai fait mon travail de proposer des choses aux entrepreneurs, d’être à l’affût de leurs besoins et d’être disponible pour eux. J’ai eu la même attitude avec les développements domiciliaires que l’on a réalisés en étant plus proactif. Nous avons développé 65 terrains d’un coup à mon arrivée. Nous les avons vendus en 28 mois. J’ai amené une nouvelle façon de penser, c’était mon rôle.»

M. Bonneau croit avoir concrétisé la majorité des choses qu’il souhaitait livrer à la mairie. S’il avait pu poursuivre son mandat, il aurait pu poursuivre sur la lancée selon ses dires. «Nous avons agrandi l’école primaire deux fois. La polyvalente était en danger, car nous n’avions plus d’élèves dedans. On a réalisé une piste cyclable extraordinaire pour Bellechasse et je fais partie des quatre qui l’ont initié. J’espère que les suivants s’en serviront comme outil de développement.»

Il aurait d’ailleurs aimé pouvoir relier le parc des chutes Rouillard à la Cycloroute. «C’est un des beaux endroits dans la région. On n’a pas réussi à le faire, mais ce n’est pas un échec. Des citoyens n’y croyaient pas, des conseillers non plus. Nous avions la réalité du budget que cela impliquait et des droits de passages en cause aussi.»

L’émergence des réseaux sociaux

La campagne électorale a été particulièrement animée à Saint-Anselme, en partie avec l’arrivée des réseaux sociaux. M. Bonneau en a fait usage à plusieurs reprises et referait la même chose malgré la tournure qu’ont pris certains débats dans la campagne. «J’ai utilisé le Facebook parce que c’est une façon de rejoindre les gens. Malheureusement, certains peuvent vomir tout ce qu’ils veulent là-dessus. Ils sont très courageux seul devant leur clavier et plusieurs disent n’importe quoi, ils n’ont aucun filtre et ont l’impression qu’il n’y a pas de conséquences. C’est maintenant le pire ennemi de tout le monde en politique. On le voit avec Trump et on l’a vu avec Coderre à Montréal.»

Il déplore également que plusieurs personnes aient commenté des dossiers alors qu’ils n’étaient pas bien informés ou n’étaient tout simplement pas résidents de Saint-Anselme. «Des gens ne votaient pas ici, n’ont participé à aucune rencontre, étaient très mal informés et se sont permis de commenter et de juger le travail qui a été fait. Des gens ont véhiculé des choses à mon égard relativement à la relation que j’avais avec mes conseillers. C’est facile de dire ça sur un réseau social quand tu n’es jamais venu à une seule rencontre du conseil.»

Avec philosophie

Ayant eu peu de temps pour réfléchir à la suite des choses, il estime tout de même avoir déjà encaissé la nouvelle et se dit prêt à passer à autre chose. «Perdre c’est désagréable. C’est une perte importante, mais j’ai déjà perdu des choses plus importantes dans ma vie. Avant d’être maire, j’avais une vie et après, j’en aurai une aussi. Il faut prendre cela avec philosophie. Je n’ai pas inventé Saint-Anselme. Ça fait 180 ans qu’on est entre Saint-Henri et Sainte-Claire. Avant moi, il y avait un maire qui a fait de son mieux, moi j’ai fait de mon mieux et maintenant ce sera quelqu’un d’autre qui fera de même, à son niveau et à sa manière.»

Si une chose change maintenant dans la vie de Michel Bonneau, c’est son devoir de réserve. «Je n’ai plus de ligne de conduite. Quand tu redeviens un individu, tu regagnes une certaine liberté. Je vais pouvoir dire ce que je veux, à qui je veux et quand je veux. Je n’aurai plus à garder de secrets en raison de la fonction que j’occupais.»

Son successeur, Yves Turgeon, aura maintenant à rallier son conseil municipal à ses idées, estime M. Bonneau. «85 % du budget d’une municipalité est décidé par les obligations que l’on a. Pour le reste, comme maire, tu as le devoir de créer une ambiance positive et de profiter des occasions. Tu as aussi le devoir d’amener des projets et quand ton conseil te donne une direction, tu te dois de la suivre et je n’ai jamais dérogé de ça.»