Armagh: le site d’enfouissement n’aurait pas d’impact sur les puits privés
ENVIRONNEMENT. Deux études indépendantes, commandées respectivement par la municipalité d’Armagh et la MRC de Bellechasse, indiquent que la qualité des eaux souterraines présentes dans le secteur du site d’enfouissement à Armagh ne serait pas influencée par la présence du site.
Les firmes Arrakis (municipalité d’Armagh) et INRS (Institut national de la recherche scientifique pour la MRC de Bellechasse) avaient reçu le mandat d’étudier la question à la suite d’inquiétudes formulées par des citoyens du secteur. Ainsi, aucun puit privé résidentiel utilisé pour l’alimentation en eau potable n’est impacté par le site d’enfouissement selon les études.
Relativement aux puits privés, l’étude d’Arrakis illustre que le sens d’écoulement de l’eau souterraine et de surface pouvant entrer en contact avec les activités du site d’enfouissement est contraire à la direction des puits privés localisés à proximité, ce qui les préserve de toute influence. Si des problématiques de qualité de l’eau des puits privés sont vécues par des citoyens, elles pourraient s’expliquer par d’autres facteurs dont l’état du puits, la nature des dépôts dans le sol, le temps de parcours de l’eau et les autres activités présentes autour, insiste Marie-Claude Pharand de la firme Arrakis, qui a réalisé l’étude pour le compte de la municipalité d’Armagh.
«Il y a des dépôts de surface peu perméables qui recouvrent le socle rocheux, ce qui est un frein à l’infiltration d’eau. La majorité des puits privés échantillonnés se terminent dans le socle rocheux. Les problématiques de puits privés sont communes et ne sont pas spécifiques à la présence d’un site d’enfouissement», indique-t-elle, ajoutant toutefois que ses observations ont été réalisées à partir de données recueillies antérieurement par d’autres entités, et que plusieurs détails méthodologiques n’ont pu être communiqués.
Pour ce qui est de la qualité de l’eau souterraine dans l’ensemble de la zone étudiée, l’étude du chercheur à l’INRS René Lefebvre et son équipe démontre un écoulement rapide et dynamique de l’eau, de même qu’un renouvellement rapide des eaux souterraines en raison de la topographie du secteur et des caractéristiques du sol. «Si on compare avec le site de Saint-Lambert-de-Lauzon, nous sommes dans un contexte différent où c’est presque plat et sablonneux, tandis qu’Armagh présente un relief évident qui change les choses», confirme un membre de l’équipe, Jean-Marc Ballard.
Des résultats sécurisants pour les élus
Sommairement, les deux études arrivent aux mêmes conclusions. «Ce qui est intéressant et le fruit du hasard, c’est que ni l’un ni l’autre n’avait connaissance qu’une autre étude était réalisée en parallèle. On a confiance dans le travail que l’on fait, mais quand des confirmations externes arrivent, c’est tant mieux», insiste M. Ballard de l’INRS.
Le préfet de la MRC de Bellechasse, Clément Fillion, accueillait aussi les résultats avec satisfaction. «Il y avait une préoccupation non-seulement à Armagh, mais aussi ailleurs, chez les municipalités qui envoient des déchets à cet endroit. Les résultats viennent sécuriser tout le monde.»
Le fait que deux études arrivent à des résultats similaires est sécurisant, estime le maire de la municipalité d’Armagh, Sarto Roy. «L’eau souterraine n’est pas contaminée par le site, c’est clair, l’hydrologie du site ne permet pas que ce soit contaminé dans les puits externes. Le suivi à faire sera quand même important.»
Des inquiétudes malgré tout
Quelques citoyens ont toutefois émis des réserves à ces conclusions lors de la rencontre publique de mardi soir dernier. Si certains s’inquiétaient tout de même de la qualité des cours d’eau à proximité, dont le ruisseau Roy et la rivière du Sud, d’autres jugeaient que les études étaient basées sur une seule hypothèse, soit que toute l’eau se retrouvait forcément en aval, vers les cours d’eau, et rien en amont, vers les puits des résidences du secteur.
«Cette hypothèse est très discutable pour les citoyens qui demeurent aux alentours du site qui avant, avaient de la bonne eau. Pour arriver à cette conclusion et la rendre vraisemblable, on a omis de prendre en compte toutes les données», indique Mme Pauline Rodrigue, représentante du voisinage au comité de vigilance. «La confiance est perdue. Nous avons souvent été témoins de demi-vérités, d’informations incomplètes et de rapports amputés de plusieurs pages», a-t-elle exprimé devant l’assemblée, suggérant même à la MRC de commencer ses recherches pour un nouveau site, rappelant que le certificat d’autorisation du lieu d’enfouissement actuel se termine en 2027.
Enfin, autant les directions régionales de la Santé publique et du ministère de l’Environnement recevront copie des constats réalisés par les deux firmes. «Tous ces rapports seront soumis au comité de vigilance qui pourra faire des recommandations, tout comme la Santé publique et l’Environnement», indique David Loranger-King, directeur du service des matières résiduelles de la MRC.
Malgré ces résultats positifs observés au site d’enfouissement, le suivi de la qualité de l’eau pourra être bonifié en lien avec les 16 nouveaux puits d’observation réalisés par les chercheurs de l’INRS dans le cadre de leur étude, ajoute M. Loranger-King.