Berce du Caucase : Chaudière-Appalaches veut exporter son expertise
NATURE. S’ils sont conscients qu’il reste encore beaucoup du travail à faire un peu partout en Chaudière-Appalaches, les responsables de l’offensive régionale concertée contre la Berce du Caucase se disent confiants d’avoir endigué la propagation de cette plante exotique envahissante dans la région et souhaitent, dans le futur, offrir leur expertise à d’autres régions du Québec qui sont aux prises avec ce phénomène.
Coordonnateur de l’offensive régionale de la lutte à la Berce du Caucase en Chaudière-Appalaches, Ghassen Ibrahim a souligné, lors d’une opération d’éradication tenue le 25 juillet le long de la rivière Boyer à Saint-Michel-de-Bellechasse, que le travail effectué par les différents partenaires au cours des dernières années avait notamment permis de sécuriser la plupart des corridors fluviaux, rappelant que les cours d’eau aident à la propagation rapide de cette plante indésirable.
«En 2018, on a travaillé sur 70 sites, contre 30 nouveaux cette année. La taille de toutes les colonies visitées en 2018 a rétréci et on n’a pas de nouvelles colonies en aval de celles longeant les cours d’eau. C’est la preuve que nous avons endigué la propagation par voie fluviale et que les efforts des dernières années ont valu la peine», indique M. Ibrahim qui ajoute que plus rien ne semblait pousser dans les sites visités en 2018.
M. Ibrahim ajoute que la Berce du Caucase est également présente en Outaouais, en Estrie, au Centre-du-Québec, notamment, et qu’on en retrouvait même sur le territoire de la Ville de Québec. «L’espèce demeure bien présente à ces endroits et à la fin de l’actuel projet concerté en Chaudière-Appalaches, il faudra mettre en place des projets similaires dans d’autres régions. S’il n’y a pas d’efforts mis ailleurs comme on l’a fait en Chaudière-Appalaches, il se peut que l’on assiste à un retour de contamination dans les prochaines années et là, ça va faire très mal», poursuit-il.
Bye Bye Berce du Caucase
Profitant d’une contribution financière de 960 000 $ provenant du Fonds d’appui au rayonnement des régions (FARR), les neuf organismes de bassins versant de la région Chaudière-Appalaches mènent actuellement, dans le cadre de l’offensive régionale concertée, une campagne de sensibilisation intitulée «Bye Bye Berce du Caucase».
Ceux-ci ont mis en place une série d’outils, dont une page web qui permet aux gens d’en apprendre davantage sur la Berce du Caucase, d’identifier rapidement la présence de cette dernière dans leur secteur et de la signaler.
Directeur général de l’Organisme de bassins versants de la Côte-du-Sud, François Lajoie M. Lajoie rappelle aux gens l’importance de signaler le plus rapidement la présence de plans matures et surtout de ne pas tenter de les enlever eux-mêmes, en raison des dangers qu’ils comportent. «S’ils n’ont pas de protection et que la sève touche leur peau, il y a un risque important à la fois pour les yeux et pour leur peau qui peut souffrir d’importantes brûlures.»
Président du Comité de bassin de la rivière Chaudière (COBARIC), qui assure la gestion de l’offensive régionale de lutte à la Berce du Caucase en Chaudière-Appalaches, Russell Gilbert rappelle qu’au fil des ans, plus de 200 sites infestés ont été découverts en Chaudière-Appalaches. «Il y en a de nouveaux qui se sont ajoutés. Certains n’ont qu’un plan, mais d’autres s’étendent sur 14 km (rivière Fourchette) ou 25 km (rivière Boyer)», mentionne-t-il en ajoutant qu’outre les deux cours d’eau mentionnés précédemment, les secteurs de Sainte-Croix-de-Lotbinière, Saint-Jacques-le-Majeur, Saint-Jacques-de-Leeds et les hautes terres de la MRC de L’Islet sont les endroits les plus touchés.
Importante opération sur la rivière Boyer
Une importante opération d’éradication de la Berce du Caucase est en cours depuis quelques semaines le long de la rivière Boyer, dans Bellechasse et Montmagny, où l’on trouve encore d’importantes colonies de cette plante sur une distance de 25 kilomètres.
«On voit que les plants sont très hauts et commencent à faire leurs graines. Nous avons une première équipe qui travaille sur une très grosse talle depuis le début du mois de juin et en même temps, on en a une autre qui fait de l’arrachage en différents endroits et repasse en arrière pour voir si on a oublié des plants ou s’il y en a qui repoussent», a précisé M. Lajoie lors de l’activité du 25 juillet.
Ce dernier ajoute qu’il y a également, en certains endroits, des plants qui ont commencé à envahir les zones cultivées. «Quand les producteurs les fauchent, au lieu d’avoir entre 3,5 et 5 mètres de hauteur, ces plants atteignent des hauteurs moindres, ce qui fait qu’ils sont parfois difficiles à voir», poursuit-il en ajoutant que depuis 2015, des milliers de plants sont arrachés chaque année dans le seul secteur de la rivière Boyer.
«On arrache les plants en fleurs, mais on n’a pas le temps de s’occuper de tous les plants juvéniles qui n’ont pas de fleurs. On les arrache au fur et à mesure, en sachant qu’on a encore un an et demi pour compléter le projet. On va s’arranger pour compléter le travail, en sachant que l’épidémie peut durer quelques années et que les graines peuvent vivre de 4 à 5 ans.»