CPTAQ: la loi doit être changée selon Dominique Vien

POLITIQUE. La députée et ministre Dominique Vien estime que la Loi sur la protection sur le territoire agricole ne répond plus aux besoins des milieux ruraux et devrait être revampée.

Mme Vien a été mise aux faits d’une récente orientation préliminaire de la CPTAQ transmise à la MRC de Bellechasse où la plupart des demandes d’agrandissement de périmètres urbains ont été rejetées par la commission. Elle a d’ailleurs rencontré les élus touchés par cette décision en début de semaine dernière. «J’ai demandé à rencontrer les maires pour avoir un état des choses et ils m’ont expliqué leur déception, que je partage. On demande aux communautés rurales de se développer, on leur donne des pouvoirs et l’autonomie pour occuper le territoire, mais en même temps on vient bloquer tout ça avec des décisions comme celle qui a été transmise par la CPTAQ.»

La députée de Bellechasse confirme que le premier ministre Philippe Couillard s’était engagé à revoir la Loi sur la protection du territoire agricole le 16 février dernier, lors d’une visite à Saint-Henri. «C’est une loi qui était utile il y a 40 ans, aujourd’hui, force est de constater qu’elle n’est plus collée à la réalité dans nos milieux ruraux. Les territoires changent et évoluent. Par exemple, c’est une lubie que de penser qu’il y aura de l’agriculture dans Les Etchemins comme cela s’est déjà fait.»

Comme députée et ministre, Mme Vien n’a pas l’intention de critiquer la CPTAQ ou ses décisions. Elle entend toutefois s’impliquer et porter le dossier. «C’est inacceptable que des maires, depuis deux ans, s’assoient pour discuter d’une vision que la région veut se donner sur une longue période, que l’on arrive avec des projets qui ont l’assentiment de l’UPA locale et régionale, et qu’à l’autre bout ce soit refusé. On est un peu déconnecté. C’est à nous de faire en sorte que la loi soit revue.»

La situation actuelle ne peut perdurer selon Mme Vien. Le mur à mur n’est plus possible. Elle estime que le Québec a peut-être toujours besoin d’une loi qui protègera les agriculteurs. «Ils ont le droit et même le devoir de produire. Eux aussi ont des enjeux et nous devrons les écouter. Deux élus à notre rencontre sont des producteurs agricoles et étaient en désaccord à l’orientation. L’un de ceux-là, Christian Lacasse de Saint-Vallier est l’ancien président de l’UPA national.»

Mme Vien dit par ailleurs qu’elle ne peut être contre une proposition du président actuel de l’UPA, Marcel Groleau, de libérer la CPTAQ et plutôt créer des instances régionales en accord avec la loi. «C’est un peu le discours que je tiens. La loi actuelle ne remplit plus, dans certains milieux, les objectifs qu’elle devait poursuivre. Que M. Groleau émette une hypothèse de solution est une bonne chose. Il amène une idée intéressante, la mécanique est secondaire. Là où tout le monde doit se rejoindre, c’est que nous avons besoin d’une façon de réfléchir le développement rural autre que celle qui se fait actuellement.»

Dominique Vien convient que le monde agricole est une force au Québec. Elle rappelle toutefois que ce ne sont pas les agriculteurs qui sont en cause cette fois-ci. «Dans le dossier qui nous préoccupe, il n’y a eu aucune objection par l’UPA locale dans les 30 dossiers présentés. Nous avons des maires producteurs agricoles qui disent que ça n’a pas de bon sens. Je trouve ça positif. Il y a une communauté qui est solidaire. L’UPA est peut-être rendue là à dire qu’on peut possiblement moduler nos actions dans le développement agricole au Québec.

Abolir la CPTAQ serait-il la solution? Dominique Vien ne ferme aucune porte. «Pourquoi se priver de se poser des questions. Si effectivement on revoit la façon de protéger le territoire agricole tout en maintenant le droit à nos municipalités d’avoir le droit de gérance sur le territoire, d’être autonome et créative, regardons ce que nous avons devant nous. Cherchons les meilleures solutions pour que nos municipalités ne soient pas sclérosées dans leur développement.»