Le monde communautaire victime du désengagement de l’état selon le PQ

POLITIQUE. Une quinzaine de représentants d’organismes communautaires de la région ont répondu positivement à une invitation du Parti Québécois de Bellechasse qui souhaitait en connaître davantage sur leur réalité.

L’actuel député de Rimouski, Harold Lebel, et le candidat confirmé dans Bellechasse à la prochaine élection provinciale, Benoit Béchard, ont profité de la rencontre du mardi 30 janvier dernier pour se familiariser davantage sur le sujet de façon à dresser un portrait de leurs besoins et de leurs préoccupations.

«L’idée est de documenter notre argumentation en vue de la prochaine campagne électorale. Notre programme est déjà assez progressiste envers les plus démunis, mais on veut aller plus dans les détails et voir les réalités de chacune des régions», a illustré le député Lebel, lui-même issu du milieu communautaire avant d’entamer une carrière politique.

Le sous-financement des organismes du milieu a rapidement monopolisé la majorité de la rencontre. Harold Lebel estime qu’il existe un désengagement de l’état dans certains domaines depuis quelques années au profit du communautaire, une situation qui n’est pas nécessairement la bonne pour ses organismes et leur financement. «C’est le gouvernement maintenant qui décide quel service sera donné et qui le donnera. Depuis quelques années, le gouvernement finance davantage par projet et supporte moins les missions d’origine. Les organismes deviennent ainsi attachés à des commandes de l’état.»

Candidat à la prochaine élection dans Bellechasse, Benoit Béchard cautionne l’orientation de son parti d’avoir une vision globale de la pauvreté. Il remarque lui aussi les effets du sous-financement chez les organismes. Selon lui, le fait que plusieurs développent d’autres expertises provoque inévitablement un dédoublement qui est remarqué par plusieurs. «C’est aussi un peu dû au fait que les groupes communautaires sont sous-financés. Ils cherchent du financement, alors ils doivent se réinventer, c’est pourquoi on doit d’abord reconnaître la mission.»

Un désengagement visible

L’État a aussi de plus tendances à se détacher de certaines missions, observe Harold Lebel. Cette situation vient, selon lui, dénaturer la nature même des organismes. «L’État semble dire qu’il aime mieux confier certaines choses aux groupes communautaires plutôt que de jouer son rôle parce que ça revient moins cher. Ce serait pourtant la mission de l’État de faire ces choses-là et nous le voyons de plus en plus.»

De son côté, Benoit Béchard estime que la contribution des organismes communautaires est peu reconnue. Il ajoute que ces organismes peuvent participer dans une perspective humaine, mais aussi au développement d’une région à leur façon. «La valeur ajoutée de ces organismes, on ne la connaît pas malheureusement et s’il fallait que leur contribution soit assumée par le réseau de la santé, ce serait astronomique.»

S’il se dit en faveur d’un salaire minimum à 15 $, Harold Lebel reconnaît toutefois que les organismes eux-mêmes ne seraient pas en mesure d’assumer une telle dépense. L’arrivée du cannabis dans quelques mois risque aussi de provoquer des choses selon ce que les organismes lui confient. «Il risque d’y avoir des impacts sur la santé mentale et d’autres problématiques nouvelles. Les organismes communautaires seront davantage sollicités.»

Il estime également que la ruralité aura été la grande perdante de la gestion des Libéraux. «Je viens du milieu communautaire. Ça vient me chercher d’entendre certaines choses. Je ne suis pas un vendeur de salade. On a fait des erreurs dans le passé au PQ dans notre manière de lutter contre la pauvreté. Des choix auraient pu être faits différemment. Il faut faire autrement et faire confiance aux régions», illustre-t-il en terminant.