Manque de denrées appréhendé à l’Essentiel des Etchemins
LAC-ETCHEMIN. L’Essentiel des Etchemins a enregistré des ventes record, pour son Grenier des Trouvailles, ayant totalisé plus de 100 000 $ en 2022-2023 contre 70 000 $ l’année précédente. En revanche, la situation est plus difficile du côté du comptoir alimentaire alors que les denrées commencent à manquer pour desservir l’ensemble de la clientèle qui ne cesse d’augmenter.
La directrice générale de l’organisme, Geneviève Turcotte, souligne que la hausse des ventes au niveau de la friperie peut s’expliquer en grande partie par une situation économique plus difficile dans laquelle les gens ont plus tendance à se tourner vers les vêtements et équipements usagés.
« C’est la première année complète, depuis la pandémie, lors de laquelle le Grenier était constamment ouvert, alors que dans les années précédentes, nous étions régulièrement confrontés à des fermetures », indique-t-elle en ajoutant que l’on assiste à une distribution grandissante et record de denrées au comptoir alimentaire.
« On a donné 200 boîtes alimentaires de plus comparativement à l’année précédente, car la situation est très difficile pour les gens là aussi. Dix pour cent de notre clientèle est composée de travailleurs. Les gens n’arrivent plus, car les salaires n’augmentent pas au rythme du coût de la vie. De plus, 38 pour cent de notre clientèle est composée d’enfants vivant au sein de familles monoparentales ou de familles nombreuses avec 4, 5 ou 6 enfants parfois », poursuit la directrice de l’organisme.
Mme Turcotte souligne que c’est de plus en plus difficile pour les banques alimentaires. La situation a d’ailleurs été présentée aux maires etcheminois au cours des derniers jours, d’autant plus que Moisson Beauce manque de denrées également.
Dur pour les banques alimentaires
« La pandémie a amené les propriétaires et gestionnaires d’épiceries à modifier leurs façons de faire. Ils commandent moins en grosses quantités et ce faisant, ils ont moins de surplus. Cela sans oublier les problèmes d’approvisionnement, car ils ne sont plus capables d’avoir certains produits. Leur système de récupération, avec des rabais de 30 % comme on en voit souvent, fait également mal aux banques alimentaires », précise Mme Turcotte qui fait remarquer que l’Essentiel risque de bientôt manquer de viande, car les épiceries vont passer celle qu’elle vend en la transformant ou la vendant congelée, à rabais également.
« Il faudra que les deux paliers de gouvernement, autant le fédéral que le provincial, ouvrent les yeux sur la pauvreté et débloquent des sommes supplémentaires pour aider les organismes ainsi que les gens à sortir de la pauvreté. Le gouvernement vient de mettre en place un programme pour aider les gens à compenser les hausses des frais d’épicerie, mais comment savoir si ces sommes seront vraiment utilisées pour cela ? Ils devraient faire comme aux États-Unis et donner des coupons d’épicerie au lieu d’un chèque, alors on saurait que c’est utilisé pour les bonnes raisons. »
Mme Turcotte mentionne que le manque de denrées survient dans un contexte de hausse des demandes. « Il faudra acheter davantage d’aliments pour compenser les manques à ce niveau. J’ai dû acheter du lait, car cela faisait trois semaines que nous n’en recevions plus. Cette semaine ce sera des œufs. Ce sont les deux éléments de base de l’alimentation », poursuit-elle en invitant les gens à faire dès maintenant des dons en denrées et en argent, car ce seront les paniers de Noël qui pourraient écoper dans le futur.
Nouvelle collecte
Un peu à l’image de ce qui se fait en décembre avec la Guignolée des médias et la Cueillette de la solidarité, une invitation a été lancée au cours des derniers jours par l’animateur Roch Bernier de Passion-FM qui invite donc les gens à offrir denrées et argent aux deux banques alimentaires de Bellechasse-Etchemins, soit l’Essentiel et les Frigos pleins, afin de les aider à regarnir leurs réserves qui ne cessent de diminuer. Intitulée Juillet Solidaire, cette activité reçoit d’ailleurs le soutien de La Voix du Sud.
« Deux campagnes annuelles comme celles-ci, ce ne sera pas de trop, ce ne sera pas du luxe pour nous », affirme Geneviève Turcotte en mentionnant que les réserves mises en place dans le temps des Fêtes sont presque épuisées, tellement les besoins sont tellement grands.
« Chaque semaine, nous recevons entre 1 200 et 1 800 kilos de nourriture de Moisson Beauce, mais il y a une semaine, nous n’avons obtenu que 500 kilos pour desservir nos 45 à 60 familles, selon le cas. J’ai dû puiser dans mes réserves. J’achète déjà de la viande. On a besoin du périssable et du non périssable. La viande coûte de plus en plus cher et ça risque de devenir problématique un jour, car il se peut que nous ne soyons plus capables d’en donner aux gens. J’ai une entente avec une épicerie de la région qui m’en vend à rabais… cela me donne une chance », précise-t-elle.
Déménagement potentiel ?
Soulignons par ailleurs que la direction et le conseil d’administration de L’Essentiel étudient la possibilité, depuis plusieurs mois, de déménager son siège social qui est situé depuis une dizaine d’années sur la rue Industrielle, dans le parc industriel de Lac-Etchemin.
« Nous sommes à l’étroit pour les deux services. On a des couches à trois places différentes pour notre clientèle du côté de l’Essentiel. On manque de place aussi du côté de la friperie. C’est mal organisé et on envisage la possibilité de trouver un local mieux adapté à nos besoins », précise Mme Turcotte en rappelant que le bail actuel se terminera le 31 mars 2024.
« Il n’y a pas beaucoup de locaux disponibles, alors il faut voir si on retourne en location ou si on achète. Nous sommes rendus là. Ce sera un important investissement si on achète, ce qui nécessitera la mise en place d’un important montage financier et de trouver des partenaires financiers pour nous aider là-dedans. »
Mentionnons que depuis peu, quelques changements ont été apportés au siège social de l’organisme qui, grâce à une contribution financière venant du Fonds de relance des services communautaires du fédéral, l’ensemble du parc informatique a été changé, tout comme le système téléphonique au cours des derniers jours. La caisse enregistreuse sera également changée du côté de la friperie.
Soulignons que l’Essentiel emploie dizaine de personnes et peut compter sur l’appui d’une trentaine de bénévoles réguliers. « Ça prendrait plus de monde, surtout du côté de la friperie, car on ne fournit pas à trier les vêtements et le matériel que nous recevons. »