Plusieurs défis à relever pour le nouveau PDG
SANTÉ. Agissant à titre de président-directeur général par intérim du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) depuis décembre 2020, Patrick Simard a officiellement été nommé dans ses fonctions en mai dernier.
Depuis la création du CISSS-CA en avril 2015, M. Simard occupait le poste de PDG adjoint. Il détient 30 années d’expérience dans le réseau de la santé et des services sociaux, dont 13 au niveau de fonctions d’encadrement supérieur. Il a été notamment directeur général du Centre jeunesse Chaudière-Appalaches et directeur des services professionnels et des ressources humaines au sein du même établissement. Il possède une maîtrise en gestion et développement des organisations ainsi qu’un baccalauréat en service social.
Cette nomination découle du départ de Daniel Paré, ancien PDG en titre du CISSS-CA, qui a obtenu un poste de sous-ministre associé au ministère de la Santé et des Services sociaux.
« J’ai davantage l’impression d’être en poursuite d’un mandat qu’en début, mais je suis bien heureux de ça. Je suis confiant parce que nous avons une super équipe de gestion ainsi que des professionnels de la santé engagés. Je suis très fier de prendre le mandat avec une équipe compétente comme celle-ci », a-t-il dit.
Main d’oeuvre
Comme dans les différents secteurs d’activité économique, l’un des grands défis auxquels fait face le CISSS-CA actuellement est celui de la pénurie de main-d’œuvre. « On le voit un peu partout au Québec et dans différents secteurs, mais je dirais qu’en santé et en services sociaux, nous sommes touchés de deux façons. Il y a une difficulté de recrutement et en même temps, le vieillissement de la population fait en sorte que les besoins sont croissants. De plus, le taux de chômage est très bas en Chaudière-Appalaches, donc en effet, la main-d’œuvre est notre principal défi », a-t-il indiqué.
Selon lui, plusieurs actions sont réalisées de ce côté. Le CISSS-CA a, entre autres, recommencé ses présences aux salons d’emploi. Il offre aussi des formations accélérées de préposées aux bénéficiaires en plus de rétrécir la durée de celle des infirmières auxiliaires.
« Nous travaillons à la rétention du personnel afin qu’il reste avec nous. Nous avons un projet pilote d’autogestion des horaires à Montmagny que nous voulons ensuite appliquer partout. Nous voulons ainsi donner plus de pouvoir aux employés pour améliorer leur qualité de vie. »
Faire découvrir la région aux professionnels ainsi qu’aux médecins et le recrutement à l’international font aussi partie de la stratégie du CISSS-CA afin d’améliorer la situation de la main-d’œuvre. « Il faut travailler sur le décloisonnement des pratiques. Nous ne pourrons pas nous en sortir en répétant les mêmes choses que nous faisons depuis plusieurs années. Nous devons utiliser le mieux possible les compétences des différents corps d’emploi […] Avec la situation démographique, il faut vraiment se mettre en mode innovation et penser différemment pour passer au travers », a précisé le PDG.
L’accès à un médecin de famille
La région de Chaudière-Appalaches compte actuellement près de 70 000 patients orphelins et ce nombre ne fait qu’augmenter. Dans ce contexte, M. Simard voit d’un bon œil la création d’un guichet de première ligne. « Nous continuons de travailler pour que les citoyens et citoyennes aient un médecin de famille, mais nous voulons nous assurer que d’ici là, chaque personne qui aura besoin de voir un médecin puisse le faire rapidement et que la démarche soit la plus claire possible. »
Rappelons que les personnes en attente d’un médecin de famille pourront contacter le guichet d’accès à la première ligne de leur région pour demander une consultation médicale. La demande sera alors analysée afin de les orienter vers le service professionnel ou médical qui répond le mieux à leur besoin. L’objectif est que le tout soit en place pour l’automne.
Par ailleurs, Patrick Simard a dit s’inscrire dans le plan déposé en mars par le ministre Christian Dubé et qui prévoit un meilleur accès aux professionnels de la santé. « Cela nous donne nos grandes orientations pour les prochaines années. L’enjeu de la main-d’œuvre en fait partie. Il y a aussi le développement des technologies. Notre système d’information est à moderniser, autant pour nos cliniciens que pour nos usagers et notre personnel de recherche. »
En plus de l’accessibilité en santé, les retards en chirurgie accumulés pendant la pandémie représentent un enjeu important dans les prochains mois. M. Simard a également mentionné la fluidité à améliorer dans les urgences comme élément majeur.
Aînés, santé mentale et prévention
Le nouveau PDG a souligné qu’un autre défi est d’accentuer le virage en ce qui concerne les services à domicile. « Les gens veulent demeurer à la maison tout en étant soutenus. Avec le vieillissement de la population, cela crée de plus en plus de pression sur nos milieux d’hébergement, donc il faut être en mesure d’accentuer ce virage et de permettre le soutien à domicile. »
D’après lui, la construction de Maisons des aînés comme à Black Lake aidera à augmenter la capacité d’accueil et à avoir des environnements mieux adaptés.
Les besoins en santé mentale ont aussi explosé, particulièrement durant les deux dernières années de pandémie. « Nous voyons une augmentation de la détresse ainsi que des problèmes de violence et de dépendance. Les investissements se poursuivent pour que nous soyons capables d’augmenter nos services de ce côté et les partenariats avec les organismes communautaires. »
Intervenir plus rapidement dans la vie d’un enfant vulnérable avant que sa situation ne se dégrade, renforcer la promotion des saines habitudes de vie et agir sur la réduction des inégalités sociales en santé font aussi partie des enjeux mentionnés par M. Simard.
Système de vigie
La situation au Manoir Liverpool de Lévis et dans d’autres milieux d’hébergement au cours de la pandémie, alors que l’information semblait être difficile à transmettre, a forcé le CISSS-CA à revoir certaines pratiques et à adopter de nouvelles manières de fonctionner. Un système de vigie a, entre autres, été mis en place afin que cela ne se reproduise plus.
« On parle de résidences privées qui ne sont pas administrées par le CISSS, mais nous avons quand même un rôle de vigie. Plusieurs intervenants pouvaient avoir des informations, mais elles étaient fragmentées. Nous avons donc créé un système grâce auquel la surveillance de ces milieux sera améliorée. Lorsqu’un intervenant se rend dans une résidence pour donner des soins ou des services, il doit aussi s’assurer de faire un petit rapport de ce qu’il a observé. La même personne est ensuite responsable de tout colliger pour avoir une vue globale plutôt que des informations fragmentées. Nous avons également changé des choses dans notre processus d’inspection », a conclu M. Simard.