Essai à long terme du Subaru Forester 2021, partie 1 : D’abord les origines…
Nous allons passer les prochaines semaines à découvrir ensemble les vertus, et possiblement les vices, d’un Subaru Forester 2021 lors d'un essai à long terme. Aujourd'hui, nous lançons le bal avec une exploration de l'histoire de cette marque fascinante.
À voir aussi : Essai à long terme du Subaru Forester 2021, partie 2 : bouton et ronron
De couleur bronze, nanti de l’équipement Tourisme, le Subaru Forester 2021 que je vais conduire et mettre à l'épreuve au courses prochaines semaines se détaille 36 195$ sans les taxes mais en incluant les frais de transport et de préparation de 1 800$.
Mais avant de sérieusement tester ce véhicule, prenons deux minutes pour définir Subaru sur l’échiquier automobile mondial et pour situer le modèle Forester au sein de sa gamme.
Il était une fois…
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le groupe Nakajima fabriquait des avions de chasse, entre autres bébelles très lucratives. En 1945, rebaptisée Fuji Sangyo, la compagnie a le temps de produire un scooter et un autobus avant que les forces alliées n’obligent le conglomérat des vaincus à se scinder en 12 sociétés distinctes. En 1953, toutefois, cinq d’entre elles parviennent à renouer pour créer Fuji Heavy Industries.
FHI se lance officiellement dans l’automobile l’année suivante. La division s’appellera Subaru, un mot japonais qui a deux significations : l’action de « se réunir » et le nom donné aux Pléiades, la « réunion » d’étoiles de la constellation du Taureau.
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D’ailleurs, examinez le logo de « ma » Subaru légèrement congelée. Vous y voyez cinq petites étoiles représentant les cinq compagnies qui à l’origine formèrent Fuji Heavy Industries, elle-même symbolisée par la 6e étoile de l’écusson, plus grosse que les autres.
La Subaru 1500 de 1954 s’avéra la première tentative à quatre roues de FHI, mais un premier essai très confidentiel. Malgré sa carrosserie monocoque, une rareté à l’époque (l’expertise de la compagnie en aéronautique l’incitait à faire dans le léger), seulement 20 exemplaires de la 1500 virent le jour.
Grâce à une production de 392 000 unités étalée sur 12 ans (de 1958 à 1971), la 360 est considérée comme la première vraie Subaru. Minuscule (un « Kei car »), elle fut pour les Japonais à faible revenu ce que la VW Beetle était pour les Allemands : la voiture du peuple. On la surnomma d’ailleurs la « ladybug ».
Cette 360 attira l’attention de Malcolm Bricklin, un entrepreneur américain devenu légendaire autant pour ses succès que pour ses faillites. La Bricklin SV-1 (pour « Safety Vehicle ») de 1975 pouvait tenir tête à une Corvette et c’est au Nouveau-Brunswick que cette sportive fut construite avant de connaître une fin précoce. Bref, cet homme d’affaires qui n’a jamais eu froid aux yeux fonda Subaru of America en 1968 et se mit à vendre des 360 en les qualifiant de « Cheap & Ugly ».
Cela dit, c’est la 1000 de 1966 (la FF-1 Star aux USA) qui aura une influence capitale sur l’avenir du nouveau constructeur japonais. Non seulement est-elle une traction (avant), une première chez FHI, elle fait appel aussi à un moteur boxer où les cylindres sont couchés à l’horizontale, une caractéristique qui deviendra la marque de commerce du fabricant et sur laquelle nous reviendrons plus tard.
Et pourquoi pas 4×4 ?
Un autre moment crucial dans l’histoire de Subaru survient avec l’introduction sur le continent américain en 1975 de la version familiale à quatre roues motrices de la Leone (connue aussi selon les lettres de sa version, telle la Subaru GL).
La « 4×4 Wagon » inaugure une recette gagnante. La plateforme donnera naissance en 1978 à la Brat, l’inoubliable émule du Chevrolet El Camino. Il faudra attendre jusqu’en 2013 pour voir Subaru s’essayer une deuxième fois avec le Baja, une autre familiale/camionnette dont la longévité éphémère (4 ans) égala son nombre de portières.
En fait, on peut dire des designers et des ingénieurs de Subaru qu’ils ne se sont jamais gênés pour se ranger dans le camp des excentriques ! À preuve, le bizarroïde XT Coupe de 1986 et la lilliputienne Justy de 1987 avec son 3-cylindres de 66 chevaux, un système 4×4 en option et une transmission CVT, une première mondiale !
Arrive 1990 et la Legacy, remplaçante de la Leone pour mieux lutter contre les Accord et Camry. Subaru joue quand même de prudence et continue de vendre des DL/GL mais en les appelant Loyale…
Pour mieux faire connaître la nouvelle Legacy dans le monde entier, Subaru l’inscrit dans le Championnat du monde des rallyes. Un coup de génie !
Je n’ai que des bons souvenirs de la SVX de 1992, le deuxième effort de Subaru dans l’univers des performances après l’essai de la baroque XT. Dessinée par Giugiaro, équipée d’un 6 à plat de 230 chevaux et de la traction intégrale, elle était rapide, belle et confortable, ce qui ne correspondait pas encore à l’image qu’on pouvait avoir d’une Subaru.
En 1993 débute la plus sage Impreza en configuration coupé, berline ou hatchback, faites votre choix ! Une populaire compacte qui donnera éventuellement naissance aux variantes WRX et STi, les terreurs des rallyes et les nouvelles idoles des ados aux côtés de la Mitsubishi Lancer Evolution.
Dès 1994, la Legacy familiale reçoit différents ensembles, dont le kit Outdoor qui comprend la traction intégrale, une « armure » et une suspension à hauteur ajustable. Cette très bonne idée se transforme l’année suivante en Outback, une station-wagon pour aventuriers vantée à la télé par nul autre que Crocodile Dundee, le personnage hollywoodien de l’Australien Paul Hogan.
Le début d’une mode
Subaru frappe son deuxième coup de circuit trois ans plus tard : hé oui, notre Forester ! À partir de l’Impreza, les ingénieurs dessinent une espèce de cube et lui ajoutent le 2,5L de l’Outback. Encore une familiale mais au pavillon surélevé et aux chevaux vitaminés. Ah, tiens, un utilitaire. Un VUS. Une expression qui commence peu à peu à se répandre dans l’univers automobile.
La B9 Tribeca de 2005 devient la plus grosse Subaru avec trois rangées de sièges. Une idée de General Motors qui contrôlait alors 20% de Subaru. Et plutôt un flop, le constructeur espérant se reprendre avec la récente Ascent.
Avec désormais Toyota dans le décor (à hauteur maintenant de 20% du capital-actions), les partenaires sortent en 2013 la Subaru BRZ/Toyota 86/Scion FR-S. La première Subaru depuis la 360 à revenir à la propulsion, le seul modèle canadien à ne pas être un 4×4.
La même année sort le XV Crosstrek (puis Crosstrek tout court), en fait une Impreza à hayon sur stéroïdes. Subaru s’est dit que ce qui a été bon pour la Outback (une Legacy pour Jacques « Radisson » Godin) sera bon pour la Crosstrek (une Impreza pour René « DesGroseillers » Caron). Le constructeur ne s’est pas trompé puisque le Crosstrek est devenu le meilleur vendeur de la marque au Québec devant l’Impreza et l’Outback, le Forester occupant la 4e place.
En 2017, Fuji Heavy Industrie est devenu Subaru Corporation, le groupe industriel comptant quatre principales divisions : automobile, aérospatiale, industrie mécanique et éco-technologie (comme les éoliennes).
Et à notre prochain rendez-vous, j’aurai démarré et roulé notre Forester, promis juré !