Prévost souligne son 95e anniversaire en grand
SAINTE-CLAIRE. L’entreprise Prévost a souligné en grande pompe son 95e anniversaire de fondation samedi, lors d’une journée dédiée aux employés et leurs familles.
Près de 4 500 visiteurs ont parcouru un circuit, à l’intérieur des murs de l’entreprise à Sainte-Claire, qui a permis aux personnes moins familières avec la construction d’autocars d’en apprendre davantage.
L’activité est à grand déploiement pour plusieurs raisons, explique François Tremblay, vice-président et directeur général de Prévost. «Nous souhaitons profiter de cette occasion pour remercier chaleureusement tous les employés de Prévost qui, jour après jour, rendent possible notre succès. Ce n’est pas une journée porte ouverte. On ne serait pas rendus où nous sommes sans leur contribution. Nos gens sont notre fierté. Il est important que nos employés puissent montrer ce qu’ils font aux membres de leur famille. On fait d’une pierre deux coups.»
Le fabricant d’autocar emploie près de 2 300 employés, dont un millier à l’usine de Sainte-Claire. Ce nombre inclut le volet recherche et développement. «Après Desjardins, disons que dans la région de Québec, nous sommes l’un des plus importants employeurs. L’enjeu du recrutement nous concerne évidemment. Notre moyenne d’ancienneté est à environ 20 ans, alors on peut anticiper énormément de retraites dans les prochaines années, ce qui va accélérer notre besoin de main-d’œuvre», indique M. Tremblay qui ajoute qu’une journée semblable peut même rendre l’entreprise plus attrayante auprès de la main-d’œuvre potentielle.
«La passion et l’engagement de nos gens ont fait le succès de Prévost depuis 95 ans. Parlez à nos employés. Plusieurs vous diront avoir Prévost tatoué sur le cœur. Peut-être y aura-t-il de futurs employés chez nos visiteurs aujourd’hui. Nous avons beaucoup de retraités dans ce type d’événement, puisque nous invitons nos anciens. Plusieurs m’ont confié que leurs enfants sont aussi à notre emploi et qu’une autre génération pourrait suivre.»
Président de Prévost, Ralph Acs était aussi de passage à Sainte-Claire pour l’occasion. «Il y a trois et même quatre générations de familles qui ont travaillé chez Prévost, c’est spécial. Nous avons une culture et nous travaillons toujours dessus. Aujourd’hui est un bel exemple.»
Qui dit 95 ans veut également dire 100 ans dans un avenir pas si lointain. Le centenaire est déjà dans la mire de la direction, avoue M. Tremblay. «Nous sommes déjà en préparation pour 2024 et ça promet d’être grandiose. Les propriétaires de maisons motorisées feront assurément l’objet d’un rassemblement du côté de Québec. Nous voulons inviter plusieurs de nos clients à cette occasion et ce sera très gros. Sainte-Claire sera naturellement l’épicentre de tout ça. Les gens veulent voir l’usine, comment leurs véhicules sont fabriqués», explique M. Tremblay qui ajoute que régulièrement, des groupes visitent l’usine les jours de semaine.
Des marchés émergents
Le vice-président et directeur général de Prévost, François Tremblay, ne s’en cache pas. Pour lui, de nouveaux marchés et de nouvelles technologies permettront à l’entreprise de demeurer parmi les leaders de son domaine en Amérique du Nord.
«Nous sommes maintenant un joueur global. 80 % de nos volumes de vente se font au sud de la frontière. On se bat toujours pour la première place sur le marché nord-américain avec Van Hool et MCI. Une des belles histoires de Prévost est la façon dont nous nous sommes diversifiés, que ce soit dans les véhicules de transport de personnes vers les villes, les maisons motorisées et autres. Tous les groupes de musique connus se promènent en Prévost. Même les artistes reconnaissent les années et les modèles. C’est le fun d’être rendu à une reconnaissance pareille.»
Prévost est sur une lancée depuis quelques années, notamment grâce à des contrats d’importance avec Greyhound, la Ville de New York et même les Forces armées canadiennes.
«Il y a des incertitudes économiques à l’occasion, mais nous avons des secteurs qui sont moins sensibles aux fluctuations comme le transport de personnes avec les compagnies de nouvelles technologies. Il y a aussi le municipal, comme la ville de New York, où nous sommes en appel d’offres pour 307 véhicules. Qu’il y ait récession ou non, ils auront besoin de véhicules.»
M. Tremblay voit également d’autres occasions de croissance dans sa boule de cristal. «Il faut regarder vers où les technologies évoluent, comme l’électrification des transports. Nous avons plusieurs nouveaux produits en tête et plusieurs nouveaux marchés aussi.»
Ce n’est un secret pour personne, l’entreprise espère profiter de l’émergence de plusieurs entreprises bien en vue dans la région de la Sillicon Valley (Californie). Elle a dans sa mire les Amazon, Apple, Facebook, Google, Genentech, Linkedin et ainsi de suite. «À l’heure actuelle, près de 1 800 véhicules roulent quotidiennement entre San Francisco et la Sillicon Valley. Tout ça est appelé à augmenter avec le temps. Facebook espère, à lui seul, hausser sa propre flotte de véhicules à 1 000 d’ici 2025. Il serait presqu’aussi imposant qu’un Greyhound qui a 1 200 véhicules dans l’ensemble du pays», partage M. Tremblay.
Selon lui, l’une des pierres angulaires du succès dans cette région sera le service et c’est pourquoi Prévost travaille à accentuer sa présence là-bas. «On travaille déjà avec Google. Chez Facebook, nous avons un démonstrateur en utilisation, car ils veulent voir comment il performe. Nous l’avons modifié complètement pour qu’il réponde à leurs besoins, avec des tables de travail, une section conférence et autres. Tu ne peux pas vendre un véhicule sans penser au support qui doit venir après. C’est pourquoi nous ouvrirons bientôt notre plus gros centre de services en Amérique du Nord, soit 66 000 pieds-carrés, qui sera basé à Hayward, en banlieue de San Francisco.»
Développement et économie
Pour François Tremblay, l’avantage de faire partie du Groupe Volvo est indéniable. Celle-ci dépense sommairement 2,7 milliards de dollars en recherche et développement annuellement. «Il y a trois focus de développement technologique à l’heure actuelle chez Volvo: l’électrification des transports, les véhicules autonomes et la connectivité des véhicules. Par défaut, tout ce que Volvo développe peut être intégré à nos véhicules. Notre grand frère nous permet de grandir aussi.»
Ces propos corroborés par son patron, Ralph Acs. «La production n’est que l’une des choses que nous faisons. On travaille aussi sur des équipements que nous verrons dans cinq ans seulement, mais nous devons le faire aujourd’hui.»
L’ouverture d’une usine à Plattsburgh, dans l’état de New York, rapporte encore de belles choses au fabricant d’autocar qui exclut toutefois le besoin d’en faire davantage pour le moment, explique M. Tremblay. «Plattsburgh nous donne encore l’occasion de rencontrer le Buy America Act sur les véhicules publics. Aujourd’hui, c’est 65 % de nos produits qui doivent avoir du contenu américain, mais à compter du 1er octobre prochain, ce sera 70 %. Ce sera encore plus contraignant. C’est toutefois très exigeant financièrement de construire une usine ou de procéder à un agrandissement.»
Les derniers mois ont amené leur lot d’incertitudes chez les dirigeants d’entreprises, notamment en raison de la vague de tarifs imposés à la frontière. Les choses semblent toutefois en voie de se résorber, observe M. Tremblay.
«80 % de nos ventes se font là-bas et il y a beaucoup de mouvement de matières premières entre les deux pays. Certains de nos éléments proviennent des États-Unis, on les assemble ici et on retourne le tout de l’autre côté de la frontière. Heureusement, tout ça est en train de se placer.»