Les motoneigistes au cœur d’un conflit dans le bois de sciage
FORÊT. Un litige dans l’industrie du bois de sciage, pouvant mettre en péril la saison de motoneige sur une partie de la région Chaudière-Appalaches, inquiète plusieurs intervenants dans la région. Celui-ci oppose deux associations de producteurs forestiers dans Montmagny-L’Islet qui se déchirent après une décision de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec qui a approuvé, en juillet dernier, la création d’une agence de vente du bois de sciage et de déroulage en Côte-du-Sud.
C’est l’Association des propriétaires de boisés privés des Appalaches qui dénonce l’exclusivité de la mise en marché du bois de sciage et de déroulage décrétée par le Syndicat des producteurs de bois de la Côte-du-Sud.
Vice-président de la Fédération des clubs de motoneige du Québec (FCMQ) et administrateur pour la région Chaudière-Appalaches, Bruno Aubé a des échanges réguliers avec les intervenants impliqués. Selon lui, cette impossibilité de circuler dans Montmagny-L’Islet pourrait se confirmer au cours des prochains jours.
« L’Association en a fait l’annonce et nous a prévenus, sauf qu’aucun propriétaire n’a encore envoyé de message d’interdiction aux clubs. L’association doit nous fournir ces jours-ci des points qui détermineront les propriétaires ayant signé le formulaire. »
Pour l’instant, l’interdiction ne toucherait que les régions de Montmagny et L’Islet. Cependant, d’autres syndicats de producteurs de boisés envisagent eux aussi de se doter d’un tel mécanisme et la réaction des producteurs forestiers dans ces milieux est encore imprévisible. M. Aubé préfère attendre avant de s’avancer sur différents scénarios.
« On sait que plusieurs petites associations travaillent pour avoir la même façon de faire. Elles souhaitent toutes voir cette règlementation entrer en vigueur d’ici au 1er mars. On y a pensé que la contestation puisse s’élargir à Bellechasse et peut-être même la Beauce », précise-t-il.
Impacts sur le tourisme
Directeur général adjoint et des affaires électroniques chez Tourisme Chaudière-Appalaches, Louis Chamberland s’attend à des impacts économiques évidents, si les sentiers de motoneiges devaient être affectés par le conflit.
« On s’attend à ce que ça représente une quarantaine d’entreprises qui pourraient être touchées économiquement, pensons à des restaurants ou hébergements, mais aussi les stations-service, les dépanneurs et autres qui profitent de la motoneige pour aller chercher des revenus additionnels qui permettent au commerce de demeurer rentable. C’est le cas des plus petits villages et souvent le seul service de proximité de ces communautés », indique-t-il.
Il rappelle que ceux-ci ont déjà eu à composer avec des situations difficiles, notamment l’an dernier où les précipitations de neige n’ont pas été abondantes. « Il y avait eu la Covid et ensuite le manque de neige. Les sentiers n’ont pas été ouverts longtemps l’an dernier. Pour certains hébergements, la motoneige est souvent l’apport principal. On ne voit pas de fermeture, mais il est clair que ça aura des impacts. »
Cela dit, il est loin de jeter le blâme vers quiconque relativement au conflit. « On comprend les producteurs. Certains sont peut-être des motoneigistes. C’est leur terrain, ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent. S’ils prennent cette décision, c’est possiblement parce que pour eux, c’est la seule façon de se faire entendre. Il faut que les motoneigistes et l’ensemble de la population soient conscients de cette réalité. »
Bruno Aubé utilise à peu près le même langage. « On a déjà vécu un conflit du genre en 2010, où des agriculteurs avaient bloqué les sentiers circulant sur leurs propriétés. Pour eux, l’impact de la motoneige est leur moyen de pression et on ne peut rien faire, ils sont chez eux. »
Ainsi, seul le tronçon Monk relierait l’est et l’ouest de la région si le blocage devait aller de l’avant. La Trans-Québec 5, à partir de Lévis jusqu’à Montmagny ne serait peut-être pas touchée, mais un pont situé sur le territoire de La Durantaye demeure problématique, soit celui de la route Robert qui a été fermé à toute circulation par le ministère des Transports. Le club de motoneige Bellechasse travaille toutefois sur une alternative, précise M. Aubé. « Il y a une voie de contournement possible et on pourrait donc être en mesure de le contourner. Ça pourrait se faire avant l’hiver. Il pourrait ne plus y avoir de véhicules routiers qui y circulent dans le futur, toutefois. »