Menacés d’amendes salées, ils souhaitent garder leurs poules

ARMAGH. Un groupe de citoyens vivant sur la rue St-Joseph, à Armagh, s’élève contre une décision de la Municipalité et de l’inspecteur de la MRC de Bellechasse, chargé de faire respecter la règlementation municipale, qui les oblige à se débarrasser de leurs poules et « démanteler leurs installations d’élevage », sans quoi ils pourraient recevoir des amendes totalisant entre 1 000 et 2 000 dollars, plus les frais.

Profitant de la séance régulière du conseil municipal tenue le mercredi 3 juillet, ce groupe de résidents a remis à la mairesse Suzie Bernier et aux élus une pétition de 139 noms, soit 34 sur papier et 135 en mode électronique, dénonçant cette situation et réclamant des modifications à la règlementation municipale qu’ils qualifient de floue à ce sujet.

« Le règlement de la municipalité nous dit que nous n’avons pas le droit d’avoir, dans le périmètre urbain, d’animaux à corne, de chevaux ou tout autre animal, sauf des animaux domestiques. Quand on lit la définition d’animal domestique, on parle d’un animal qui a besoin de l’aide de l’homme pour survivre, que ce soit chat, chien, lapin, poule, vache et autres. Selon nous, le règlement de la municipalité n’est vraiment pas clair et ce n’est pas clairement indiqué que nous n’avons pas le droit d’avoir des poules », indique Véronique Dumouchel, porte-parole du groupe et initiatrice de la pétition.

Dans les minutes précédant la séance du conseil municipal, les citoyens concernés ont dit déplorer que les gens vivant dans les grandes villes comme Québec, Montréal, Lévis, Drummondville, Victoriaville, Montmagny, ou encore à Lac-Etchemin, dans Les Etchemins, aient le droit d’avoir des poules, alors que c’est interdit à Armagh ? Un d’entre eux a ajouté que c’était également permis dans les localités voisines de Saint-Raphaël et La Durantaye.

Les résidents concernés ont ajouté qu’ils gardaient des poules, entre une et trois ou quatre pour la plupart, car ils aiment cela et pour des raisons de souveraineté alimentaire.

« Tout coûte cher et au lieu de monter en ville pour acheter des œufs pas chers, je préfère en avoir directement chez nous. Des gens qui vivent dans le secteur depuis 3 ans ou plus qu’on en a et on n’a jamais eu de problèmes. C’est important pour eux. C’est moins pire d’entendre une poule que d’avoir un chien qui jappe toute la journée », ont-ils indiqué en ajoutant qu’il était comprenable que des coqs soient interdits dans un périmètre urbain du fait qu’ils réveillent les gens tôt.

« La présence de poules, cela se réglemente : tu peux avoir de trois à six poules, telle grandeur de poulailler, à tant de mètres de la maison et des voisins, tu gères tes déchets et tu t’assures que ça ne pollue pas. Ça ne dérange rien, à notre connaissance », poursuit Mme Dumouchel qui disait toutefois avoir bon espoir que les élus donnent suite à leurs demandes, selon les échos qu’elle disait avoir entendus avant la rencontre.

Règlement d’urbanisme à changer

Le sujet a occupé une partie importante de la période des questions. La mairesse Suzie Bernier a dit comprendre la situation des citoyens visés par la missive acheminée par l’inspecteur régional Frédéric Larue qui est mandaté pour faire respecter les règles d’urbanisme de la municipalité.

« Ce n’est pas d’hier qu’il y a des poules dans le village, on ne se le cachera pas, mais comme il y a eu une plainte écrite en bonne et due forme, l’inspecteur municipal n’avait d’autre choix que de faire son travail », a rappelé la mairesse en ajoutant, sans pouvoir le confirmer, « que cette plainte émanait de la présence d’un coq qui réveillait tout le monde à 4 h 30 ou 5 h du matin ».

Selon elle, cette plainte devait être fondée et après la visite de l’inspecteur dans le secteur, tous les résidents ayant des poulaillers visibles ont reçu des constats.

Pour remédier à la situation, Mme Bernier a indiqué, en réponse aux questions qui lui ont été posées, que la seule façon de remédier à la situation sera de revoir le règlement d’urbanisme de la municipalité, ce qui sera possible uniquement lorsque le schéma d’aménagement et d’urbanisme de la MRC de Bellechasse sera accepté par le ministère des Affaires municipales, puis adopté par le conseil des maires et le conseil municipal d’Armagh.

« On aimerait cela faire tout cela d’un claquement des doigts, mais ce n’est pas de mon ressort ou dans mes capacités. À part respecter les règlements actuellement, on ne peut pas faire grand-chose. Personnellement, je ne suis pas contre le fait d’avoir des poules, mais cela devra être réglementé. Il y aura des limites très claires que les gens devront respecter et je ne crois qu’un des membres du conseil sera contre cela. », a-t-elle indiqué.

Dans la même veine, elle aurait aimé que les citoyens s’adressent directement à la municipalité, comme ils l’ont fait lors de la période de questions, avant de lancer la pétition, ou d’étaler la question sur les réseaux sociaux.

« On sait qu’il y a eu discussions avec M. Larue qui n’a fait que son travail en leur rappelant quel était le règlement municipal. S’il y avait eu des discussions avant, on n’en serait pas là », a-t-elle conclu en rappelant qu’elle s’engageait à saisir le directeur du service de l’aménagement du territoire et de l’inspection à la MRC de Bellechasse, Louis Garon, de cette question afin de voir s’il y avait moyen de mettre le dossier en attente en attendant que le règlement soit modifié.