Une mission plus utile que jamais
FAUNE. Le Centre de réhabilitation pour la faune, S.O.S. Miss Doolittle, soulignait son 10e anniversaire, le samedi 24 août dernier. Dix années où le refuge a évolué si rapidement, que son instigatrice, Jennifer Tremblay, était loin de prévoir une telle évolution.
L’aventure a commencé en 2014 avec un premier raton laveur, Philémon, brûlé sur 30 % de son corps, rappelle cette dernière, toujours aussi passionnée par cette vocation. « C’est le premier animal que nous avons admis. Nous en avions eu 116 la première année, tandis que cette année, nous en sommes déjà à notre 1 600e animal et l’année n’est pas terminée. Nous avons reçu 15 animaux, seulement hier, et en avons plus de 200 à l’heure actuelle », racontait-elle, après cette journée fort mouvementée.
Le site est d’ailleurs devenu le plus grand centre de réhabilitation pour la faune au Québec, toutes espèces confondues. L’endroit accueille autant des mammifères, des reptiles, des amphibiens, que des oiseaux. Les admissions sont en hausse de 30 % depuis l’année dernière, raconte Jennifer Tremblay, qui voit trois facteurs pour expliquer le phénomène.
« L’étalement urbain ne fait que croître partout sur la planète, ce qui diminue les habitats naturels, et on augmente le nombre d’animaux en interaction avec des humains. Les collisions contre des fenêtres ou des voitures sont de bons exemples. L’arrivée des réseaux sociaux fait que nous sommes de plus en plus connus, puis les gens sont de plus en plus sensibilisés à la cause animale, et savent que l’on peut faire quelque chose et ils interviennent. »
Opérer un endroit du genre exige certaines choses, la première étant l’amour des animaux, chose que Jennifer Tremblay n’a pas perdue avec le temps. « J’avais déjà tout laissé pour les animaux. J’ai arrêté de penser que ce n’était pas important, mais que c’était noble d’aimer les animaux. Je ne fais que laisser aller cette passion que j’ai et que je n’écoutais pas avant. »
Diplômée d’abord en biologie, Jennifer Tremblay a œuvré 15 années au sein du domaine de l’éducation avant de suivre sa passion. Elle a naturellement continué de se former avec le temps. « Même si j’ai une connaissance de la faune, je suis allé un peu partout suivre des formations dans le domaine, dans les Maritimes, et ailleurs. C’est notre force, le fait d’être bien formés et rester à l’affût. C’est l’une des choses que l’on aime le plus d’ailleurs. »
Un vent de face
L’endroit compte une douzaine d’employés et une centaine de bénévoles. Ce sont 400 000 $ annuellement qui sont nécessaires au bon fonctionnement du refuge. Si S.O.S. Miss Doolittle a énormément évolué au cours des dix dernières années, Jennifer Tremblay n’a aucune idée de ce à quoi pourrait ressembler le refuge dans le futur. Elle n’est toutefois pas à court d’idées.
« Il y a énormément de projets et j’ai énormément de rêves. On en fait un à la fois, selon la réalité. On vient d’avoir un coup de pouce de TC Énergie qui va nous permettre d’avancer un projet. Ça dépend des sous disponibles, mais on a fait beaucoup de choses en dix ans. Notre première valeur demeure l’éthique », assure-t-elle.
Sinistré en 2017, S.O.S. Miss Doolittle a dû déménager en 2019. Cet épisode n’est pas le seul qui rend la mission de l’entreprise périlleuse. « Nous avons le vent de face, car on doit fonctionner sans subventions gouvernementales, mais nous sommes une grande famille et les gens nous suivent là-dedans. Nous sommes un centre qui n’est pas ouvert au public, alors on ne vit pas des entrées des gens, mais des dons. Nous sommes un entrepreneur social. »
Fort heureusement, le refuge peut compter sur un bon nombre de partisans, dont plusieurs gens d’affaires. « Une personne sur deux a un animal de compagnie au Québec, alors en plus de quelques entreprises, ce sont nos principaux donateurs. Nous avons une belle équipe composée de biologistes, techniciens en santé animale et une vétérinaire. Les animaux ont des soins d’urgence immédiatement. On prend ça au sérieux et ce n’est pas fait sur le bord d’une table. C’est comme ça qu’on aime faire les choses et c’est notre marque de commerce. On ne veut pas faire de plans et se mettre cette pression », explique-t-elle, en conclusion.