Biden aurait autorisé l’Ukraine à utiliser des armes à longue portée contre la Russie

Le président Joe Biden a autorisé pour la première fois l’Ukraine à lancer des missiles américains de longue portée contre la Russie, selon un responsable américain et trois personnes connaissant le dossier.

Cette décision représente un changement majeur dans la politique américaine. Elle survient après l’élection de Donald Trump, qui sera assermenté président en janvier. Le républicain, lui, s’est engagé à limiter le soutien américain à l’Ukraine et à mettre un terme à la guerre le plus tôt possible.

L’autorisation d’utiliser le système de missiles tactiques de l’armée (ATACM) pour des attaques plus loin à l’intérieur de la Russie se produit également alors que le président Vladimir Poutine positionne des troupes nord-coréennes le long de la frontière nord de l’Ukraine pour tenter de récupérer des centaines de kilomètres de territoire saisis par les forces ukrainiennes.

Il pourrait s’agir d’une mesure de représailles à la décision de la Corée du Nord de déployer des milliers de soldats en Russie afin d’appuyer l’invasion de l’Ukraine, a indiqué l’une des sources.

Ces sources n’étaient pas autorisées à discuter publiquement de ce sujet et en ont parlé sous le couvert de l’anonymat.

«Les frappes ne se font pas avec des mots. Les missiles parleront d’eux-mêmes», a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans une vidéo.

Plusieurs de ses alliés occidentaux réclamaient à Joe Biden l’autorisation pour atteindre des cibles à l’intérieur de la Russie avec des armes fournies par les pays de l’OTAN. Selon eux, l’interdiction empêchait l’Ukraine à faire cesser les attaques aériennes contre ses villes et ses réseaux électriques.

Certains sympathisants de l’Ukraine ont été jusqu’à affirmer que les contraintes américaines pourraient coûter la guerre au pays envahi. Le débat est devenu une source de désaccord parmi les membres de l’OTAN.

Jusqu’à présent, M. Biden refusait de donner l’autorisation. Il craignait qu’une telle décision puisse impliquer davantage les États-Unis et l’OTAN dans un conflit direct avec la Russie, dotée de l’arme nucléaire.

La décision du président américain a été annoncée à la suite de réunions tenues ces deux derniers jours avec les dirigeants de la Corée du Sud, du Japon et de la Chine, au cours desquelles les troupes nord-coréennes ont été au centre des discussions, qui se sont déroulées en marge du sommet de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique au Pérou.

M. Biden n’a pas confirmé la décision lors d’un discours prononcé à l’occasion d’un arrêt dans la forêt amazonienne au Brésil, alors qu’il se rendait au sommet du Groupe des 20 à Rio de Janeiro.

Interrogé sur cette décision, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré lors d’une conférence de presse que la position de l’organisation était «d’éviter une détérioration permanente de la guerre en Ukraine».

«Nous voulons la paix, nous voulons une paix juste», a-t-il affirmé dimanche. Il n’a pas donné plus de détails.

Attaque massive de drones et de missiles

La Russie a lancé dimanche une attaque massive de drones et de missiles contre l’Ukraine, décrite par les autorités comme la plus importante des derniers mois, ciblant des infrastructures énergétiques et tuant des civils.

«C’est la réponse à tous ceux qui ont essayé d’obtenir quelque chose de Poutine avec des discussions, des appels téléphoniques et des embrassades», a lancé M. Zelensky.

Le déploiement de troupes nord-coréennes afin d’aider Moscou à récupérer la zone dont se sont emparées les forces ukrainiennes près de Koursk a peut-être contribué à faire changer d’avis le président en exercice jusqu’en janvier. De son côté, M. Trump a déjà déclaré qu’il pourrait exercer des pressions sur l’Ukraine pour qu’elle accepte de céder les territoires déjà occupés par la Russie.

Jusqu’à 12 000 militaires nord-coréens seraient déployés en Russie, selon des estimations américaines, sud-coréennes et ukrainiennes. Des membres des services de renseignement américains et sud-coréens ont aussi dit que la Corée du Nord avait fourni une quantité importante de munitions à Moscou.

Si M. Trump a souvent donné l’impression qu’il souhaite la fin de la guerre, il a toujours évité de répondre aux journalistes qui lui demandaient s’il voulait la victoire de l’Ukraine.

Il a constamment reproché au gouvernement Biden d’avoir donné une aide totalisant des dizaines de milliards de dollars à Kyiv. Les alliés de l’Ukraine craignent qu’il cherche à conclure une entente rapide qui ne profiterait qu’au dictateur russe.

Les États-Unis sont les plus précieux alliés de l’Ukraine dans cette guerre, avec plus de 56,2 milliards $ d’aide depuis le début de l’invasion russe en février 2022.

Inquiète de la réaction de la Russie, l’administration Biden a toutefois retardé à plusieurs reprises l’envoi de certaines armes avancées spécifiques demandées par l’Ukraine, ne donnant son accord que sous la pression de Kyiv, de ses partisans et en consultation avec ses alliés.

En mai, la Maison-Blanche a accepté d’autoriser l’Ukraine à utiliser des armes fournies par les États-Unis pour des frappes limitées juste de l’autre côté de la frontière avec la Russie.