L’OTAN confirme l’envoi de troupes nord-coréennes en Ukraine

L’OTAN a confirmé lundi que des troupes nord-coréennes ont été envoyées pour aider la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine et a indiqué que certains soldats ont déjà été déployés dans la région frontalière russe de Koursk, où Moscou a du mal à repousser une incursion ukrainienne.

Le secrétaire général de l’alliance militaire, Mark Rutte, a confirmé la nouvelle aux journalistes, ajoutant que cela représentait une «escalade importante» de l’implication de la Corée du Nord dans le conflit et une «expansion dangereuse de la guerre de la Russie».

L’ajout de milliers de soldats nord-coréens au plus grand conflit européen depuis la Deuxième Guerre mondiale va accroître la pression sur l’armée ukrainienne fatiguée et surchargée. Cela va également attiser les tensions géopolitiques dans la péninsule coréenne et dans la région indopacifique au sens large, notamment au Japon et en Australie, selon les responsables occidentaux.

Le président russe Vladimir Poutine souhaite remodeler la dynamique du pouvoir mondial. Il a cherché à créer un contrepoids à l’influence occidentale avec un sommet des pays BRICS, dont les dirigeants de la Chine et de l’Inde, en Russie la semaine dernière. Il a demandé une aide directe pour la guerre à l’Iran, qui a fourni des drones, et à la Corée du Nord, qui a expédié de grandes quantités de munitions, selon les gouvernements occidentaux.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a ignoré les commentaires de M. Rutte et a noté que Pyongyang et Moscou avaient signé un pacte de sécurité commun en juin dernier. Il n’a pas confirmé que des soldats nord-coréens étaient présents en Russie.

M. Lavrov a affirmé que des instructeurs militaires occidentaux avaient déjà été déployés secrètement en Ukraine pour aider son armée à utiliser les armes à longue portée fournies par des partenaires occidentaux.

«Le personnel militaire occidental travaille depuis longtemps en Ukraine», a souligné M. Lavrov après une réunion avec le ministre koweïtien des Affaires étrangères à Moscou.

L’Ukraine, dont la défense est soumise à une forte pression russe dans sa région orientale de Donetsk, pourrait recevoir d’autres mauvaises nouvelles dans la foulée de l’élection présidentielle américaine de la semaine prochaine. Une victoire de Donald Trump pourrait entraîner une diminution de l’aide militaire américaine essentielle.

À Moscou, le ministère de la Défense a annoncé lundi que les troupes russes avaient capturé le village de Tsukuryne à Donetsk – la dernière localité à succomber à l’assaut russe qui avance lentement.

Rencontre avec les Sud-Coréens

M. Rutte s’est exprimé à Bruxelles, après qu’une délégation sud-coréenne de haut niveau, comprenant de hauts responsables des services de renseignement et de l’armée ainsi que des diplomates, eut informé les 32 ambassadeurs nationaux de l’alliance au siège de l’OTAN.

M. Rutte a déclaré que l’OTAN «consulte activement au sein de l’alliance, avec l’Ukraine et avec nos partenaires indopacifiques» sur les développements. Il a déclaré qu’il devait bientôt s’entretenir avec le président sud-coréen et le ministre ukrainien de la Défense.

«Nous continuons de surveiller la situation de près», a-t-il assuré. Il n’a pas répondu aux questions après sa déclaration.

Les Sud-Coréens n’ont montré aucune preuve de la présence de troupes nord-coréennes à Koursk, selon des responsables européens qui étaient présents lors de l’échange de 90 minutes et qui ont parlé à l’Associated Press sous couvert de l’anonymat.

On ne sait pas comment ni quand les alliés de l’OTAN pourraient réagir à l’implication nord-coréenne. Ils pourraient, par exemple, lever les restrictions qui empêchent l’Ukraine d’utiliser des armes fournies par l’Occident pour des frappes à longue portée sur le sol russe.

L’Ukraine attend des milliers de Nord-Coréens

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, citant des informations du renseignement, a affirmé vendredi dernier que les troupes nord-coréennes seraient sur le champ de bataille d’ici quelques jours.

Il avait précédemment dit que son gouvernement disposait d’informations selon lesquelles quelque 10 000 soldats nord-coréens étaient prêts à rejoindre les forces russes combattant contre son pays.

Quelques jours avant la déclaration de M. Zelensky, des responsables américains et sud-coréens ont déclaré qu’il y avait des preuves que la Corée du Nord avait envoyé des troupes en Russie.

Les États-Unis ont affirmé qu’environ 3000 soldats nord-coréens avaient été déployés en Russie pour s’entraîner.