La santé et la taxe carbone font monter le ton au débat des chefs en Nouvelle-Écosse
HALIFAX — Les chefs du Nouveau parti démocratique (NPD) et du Parti libéral de la Nouvelle-Écosse ont attaqué les affirmations du chef du Parti progressiste-conservateur Tim Houston selon lesquelles il souhaitait relancer le système de santé en difficulté de la province, citant des histoires d’horreur de patients lors d’un débat télévisé jeudi.
Alors que M. Houston s’en tenait à son argument selon lequel son gouvernement avait hérité d’un «gâchis» qu’il avait commencé à stabiliser, le chef libéral Zach Churchill a répondu en affirmant que le nombre de personnes sur une liste d’attente pour consulter un médecin de famille était passé de 60 000 lorsque les libéraux gouvernaient à environ 145 000 récemment.
«Si nous continuons sur cette voie, il y aura un demi-million de personnes dans cette province sans médecin, et cela sera dévastateur pour le système de santé et pour la santé des gens», a expliqué M. Churchill.
M. Houston a répliqué en affirmant que le système s’était effondré sous 12 ans de gouvernements néo-démocrates et libéraux, arguant que «nous avons pris le relais de partis qui étaient inactifs dans le domaine des soins de santé».
Le chef du Parti progressiste-conservateur, qui brigue un second mandat lors des élections du 26 novembre, a reconnu que l’amélioration du système «prend du temps», tout en affirmant que, depuis 2021, il y a eu un gain net de 250 médecins, notamment grâce à des programmes de formation des médecins et à l’accélération de la certification des médecins formés à l’étranger.
Il a expliqué qu’il y avait un million de «possibilités de rendez-vous» de plus pour les patients que lorsque son gouvernement est arrivé au pouvoir, car son gouvernement a ouvert plus de cliniques et a permis aux professionnels de la santé, comme les pharmaciens, d’exercer des domaines de pratique plus larges.
Cependant, la cheffe du NPD, Claudia Chender, a réagi en racontant l’histoire d’une jeune mère qui a attendu 14 heures avec son enfant fiévreux aux urgences, affirmant que c’était «totalement inacceptable et que c’était dû à un manque de soins primaires». Le NPD promet de créer 15 cliniques de soins collaboratifs au cours de sa première année au pouvoir.
Lors d’un échange avec M. Houston, le chef libéral a affirmé que, malgré des centaines de millions de dollars de dépenses supplémentaires en santé, «il y a plus de souris que de personnel» à l’hôpital général Victoria d’Halifax.
Mme Chender a également vivement critiqué le chef progressiste-conservateur après avoir noté qu’une application de soins de santé lancée par les conservateurs avait «ouvert l’accès» aux soins pour les personnes confrontées à une crise de santé mentale au milieu de la nuit. La cheffe du NPD a déclaré: «Ce dont nous avons besoin, ce sont de véritables ressources pour aider les gens quand ils en ont besoin.»
La taxe sur le carbone sur toutes les lèvres
Le débat organisé par CBC s’est animé autour de l’argument de M. Houston selon lequel son gouvernement serait le plus efficace pour réduire l’inflation parce qu’il s’est opposé à la mise en œuvre de la tarification du carbone sur le carburant.
«Je suis le seul à m’opposer à la taxe sur le carbone. Je sais que les libéraux veulent une taxe sur le carbone sous un autre nom. C’est toujours une taxe sur le carbone, elle a un impact sur le prix de tout. La meilleure chose que nous puissions faire pour l’accessibilité (…) est de nous opposer à la taxe sur le carbone», a-t-il affirmé.
Mme Chender a déclaré qu’elle trouvait ironique que M. Houston dise qu’il était la voix de l’action, «alors que tout ce que vous faites, c’est blâmer Ottawa pour les défis auxquels les gens sont confrontés aujourd’hui en Nouvelle-Écosse».
M. Churchill, quant à lui, a noté que «la taxe sur le carbone est toujours là ( …), nous allons mettre fin à la taxe sur le carbone en mettant en place un système de plafonnement et d’échange qui fera notre part pour réduire les émissions, vous redonner de l’argent pour que vous puissiez payer vos pompes à chaleur, obtenir des rabais pour vos véhicules électriques et cela vous fera également économiser 10 à 15 cents à la pompe».
«M. Houston préfère se démener, crier et se plaindre plutôt que de faire son travail et de négocier un meilleur accord pour vous», a argué le chef libéral.
Cela a conduit M. Houston à affirmer – une affirmation qu’il a faite à maintes reprises pendant la campagne – qu’il est le seul à ne pas être lié à un parti fédéral.
«Je suis le seul chef sur cette scène qui ne défend que les intérêts des Néo-Écossais et qui n’est redevable à aucun parti politique. Le NPD est redevable à Jagmeet Singh à Ottawa, les libéraux sont redevables à Justin Trudeau à Ottawa. Je ne suis redevable qu’aux Néo-Écossais», a-t-il lancé.
Lors de la dissolution de l’Assemblée législative de 55 sièges, les progressistes-conservateurs détenaient 34 sièges, les libéraux 14 sièges, le NPD six et il y avait un député indépendant. Les sondages récents montrent que les conservateurs ont une avance considérable sur les deux autres partis.
Le débat a également donné lieu à des échanges virulents sur la crédibilité de M. Houston après qu’il ait abandonné plusieurs promesses faites lors des dernières élections.
Le chef des progressistes-conservateurs a déclaré : «Tout ce que je vous dis, je crois, au fond de moi, que nous pouvons le faire (…) je crois avoir montré aux Néo-Écossais que, lorsque de nouvelles informations sont disponibles ou lorsque je vois que j’ai tort, j’ai le courage de changer de voie.»
Mais M. Churchill a répondu que son échec à tenir sa promesse d’organiser les élections à une date fixe – qui aurait dû avoir lieu l’été prochain – était un signe qu’il était plus intéressé par l’accession au pouvoir que par la responsabilité. «Cette élection ne vous concerne pas, elle le concerne lui», a-t-il affirmé aux téléspectateurs.
Le chef libéral a expliqué qu’il ne se représenterait pas s’il n’était pas en mesure de tenir ses promesses. «Même dans les moments difficiles, lorsque la pression publique change et que les gros titres deviennent mauvais, on ne peut pas gouverner comme une nouille mouillée dans le vent», a-t-il dit.