Levée du port du masque obligatoire dans la plupart des lieux publics au Québec
MONTRÉAL — Le port du couvre-visage n’est plus obligatoire dans les endroits publics au Québec à compter de ce samedi, plus précisément depuis 00 h 01, sauf dans les transports en commun et les endroits où l’on donne des soins, tels les hôpitaux, les CHSLD et les cliniques médicales.
Le port du masque demeure toutefois recommandé pour les personnes vulnérables, comme celles qui sont âgées ou qui ont des conditions médicales qui les mettent à risque.
Si le masque est devenu optionnel dans la plupart des endroits publics au Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a rappelé vendredi l’importance de respecter les personnes qui voudront le conserver, maintenant que cette habitude est bien ancrée après deux ans de pandémie.
La santé publique rappelle d’ailleurs que le port du couvre-visage reste de mise pour les personnes atteintes de la COVID-19, pour ne pas infecter les personnes de leur entourage, et généralement cinq jours suivant la période d’isolement.
Assouplissements attendus dans plusieurs secteurs
Le 4 mai dernier, le directeur national de santé publique par intérim, le docteur Luc Boileau, a précisé que l’obligation du port du masque sera aussi levée dans les centres de la petite enfance (CPE), les écoles et le transport scolaire à compter du 14 mai.
Dans les milieux de travail, l’assouplissement des mesures sanitaires inclut «la levée d’une distance minimale d’un mètre entre les travailleurs et les barrières physiques ne sont plus obligatoires, bien qu’elles demeurent des pratiques recommandées», précise la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) dans un communiqué.
Les mêmes règles s’appliquent dans les salles à manger des restaurants.
Toutefois, «des masques de qualité devraient demeurer disponibles en milieux de travail», souligne la CNESST.
Le masque dans les transports publics
Dans les transports collectifs, comme dans les autobus, le métro, en taxi et même lors du covoiturage, le port du masque demeure obligatoire.
Les mesures sanitaires qui s’appliquent aux transports collectifs incluent les navires de la Société des traversiers du Québec (STQ).
Ainsi, le port du couvre-visage reste obligatoire dans les espaces intérieurs des traversiers, le salon des passagers, les salles de bain et les ponts fermés pour les clients âgés de 10 ans et plus.
Là où le masque est recommandé
Malgré l’assouplissement des mesures sanitaires, le port du masque est fortement recommandé chez le dentiste.
«Les cabinets de dentistes spécialistes offrent des services essentiels à la population et il est du devoir de tous nos membres d’assurer un environnement sécuritaire, et ce, autant pour les employés que les patients », rappelle Dr Philippe Martineau, président de la Fédération des dentistes spécialistes du Québec (FDSQ).
Les pharmaciens encouragent également la population à continuer de porter le masque en pharmacie, particulièrement dans les zones où sont vendus des médicaments et des services de santé sont prodigués.
«Les gens qui vont en pharmacie ce ne sont pas tous en très bonne santé évidemment. Souvent, on voit des personnes vulnérables, qui sont immunosupprimées, des gens qui ont été greffés, des gens qui ont une santé respiratoire fragile. Alors, on demande aux gens lorsqu’ils traversent à la section pharmacie de porter le masque si possible», a affirmé Bertrand Bolduc, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec.
«On ne jouera pas à la police, mais on aimerait bien que les gens le portent. Notre personnel va le porter», a-t-il précisé.
Les craintes de certains groupes
Par ailleurs, l’Association des patients immunodéficients du Québec (APIQ) a aussi fait part de ses inquiétudes.
Elle rappelle que les personnes souffrant de problèmes immunitaires devront continuer à prendre les précautions nécessaires pour éviter le risque de conséquences graves, voire fatales, sur leur santé. Elle demande à la population de rester accommodante envers ces personnes.
«On appelle donc les Québécois à rester vigilants et de prendre connaissance des personnes les plus vulnérables qui les entourent. Que ce soit à travers le port de l’Immunoclip sur leurs masques ou sur leurs vêtements, ou le port du masque en public, ces personnes doivent prendre des précautions pour leur santé», a affirmé Geneviève Solomon, directrice générale de l’APIQ, par voie de communiqué.
«L’immunoclip, lancée au printemps dernier, avait comme but de sensibiliser la population aux défis quotidiens des personnes immunodéficientes ou immunosupprimées», a pour sa part expliqué Louis Sansfaçon, créateur du produit.
À l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), le docteur André Veillette aurait préféré que la levée du port du masque obligatoire soit retardée encore un peu.
«Je pense que c’est un peu tôt. Il y a encore pas mal de cas dans la population, des hospitalisations et des décès. Ça diminue, mais ça ne diminue pas très vite et puis on a les variants BA.4 et BA.5 qui semblent se pointer le bout du nez, pas beaucoup, mais un peu», a-t-il souligné.
Le Dr Veillette, qui est le directeur de l’Unité de recherche en oncologie moléculaire de l’IRCM, a cependant dit comprendre l’impatience de la population à qui l’on a imposé plusieurs restrictions depuis deux ans.
«Les gens sont tannés alors c’est peut-être le temps de le faire, pour des raisons sociologiques, mais il y a peut-être des raisons politiques aussi», a affirmé le Dr Veillette.
Nouvelle vague à l’horizon
La décision du retrait du port obligatoire du masque a été prise parce que les indicateurs de la COVID-19 sont à la baisse depuis plusieurs jours, qu’il s’agisse du nombre de cas, du nombre d’employés de santé qui sont positifs, du nombre d’hospitalisations, de même que des absences des élèves du primaire et du secondaire.
La santé publique québécoise se prépare quand même à l’arrivée d’une septième vague de coronavirus prévisible à l’automne.
La possibilité de réintroduire le port obligatoire du masque dans le cas d’une nouvelle recrudescence des cas n’est pas pour le moment envisagée, a spécifié M. Dubé.
«Je pense qu’on est ailleurs en termes de protection. Les variants ont changé, notre connaissance de tous les facteurs qui contribuent à la contamination fait que si c’était nécessaire de le recommander, je pense que ce serait la bonne chose à faire. Mais on n’est pas là en ce moment», a-t-il déclaré.
Le docteur Jean Longtin, microbiologiste-infectiologue au CHU de Québec-Université Laval, a récemment fait valoir que le Québec n’était pas à l’abri d’un nouveau variant et que la santé publique devra alors se poser les mêmes questions que pour les vagues précédentes, à propos de l’efficacité vaccinale et de l’immunité naturelle. Il s’attend à ce qu’une autre campagne de vaccination soit requise à ce moment.
Luc Boileau a affirmé que le Québec fera tout pour éviter une réintroduction des mesures sanitaires coercitives. Il prévoit que les gens vont spontanément avoir des réflexes de protection s’il devait y avoir des situations qui l’exigeraient.