Peur des poules
Lors de sa séance de juillet, le conseil de la municipalité de Beaumont, agricole à plus de 70%, pourrait avoir fait la démonstration que, oui parfois, le ridicule tue.
Par un vote «tranché» par le maire, ce conseil vient de rejeter un inoffensif projet permettant la garde de quelques poules pondeuses en dehors de la zone dite «verte», même encadré de sévères normes de contrôle et de salubrité. À Beaumont donc, sur un vaste terrain de 30 000 p.c. c’est non pour trois petites poules pondeuses dans un abri. Tout aussi vrai pour un terrain de 90 000 p.c. À Drummonville, en pleine zone urbaine, des petites poules peuvent pondre l’esprit tranquille sur des terrains de 6000 p.c.
Ce vote, qu’on dit appuyé sur des considérations strictement environnementales, a été pris au terme d’une campagne montée de toute pièce par des gens qui ont développé un véritable rejet de la campagne; paradoxalement, la plupart, y sont nés. Un véritable reniement de tout ce qui évoque la ruralité, il n’y a pas si longtemps, source de fierté. On tourne le dos à ses origines, on veut «vivre en ville», dans sa «maison de ville», architecture nouveau «design urbain». Par peur des bibittes, on fait asperger son gazon contre les vers de terre et les chenilles.
S’appuyant sur cette même «logique environnementale», le conseil a trouvé tout à fait légitime d’autoriser, ce même soir, le lotissement de superficies qui dérogent de façon majeure aux exigences de la Loi sur la qualité de l’Environnement. Cette loi qui s’applique partout au Québec, a été instituée dans une optique de santé publique, pour éviter la contamination des puits des terrains voisins. Gênant pour une municipalité inscrite trois fois plutôt qu’une au répertoire provincial des terrains contaminés et la seule du grand Bellechasse à apparaître sur le Registre des Dépôts et résidus industriels.
«Le charme et le calme à la campagne». Tel est le slogan d’image de marque de Beaumont.
Pierre-Paul Sénéchal. Citoyen de Beaumont.